2009, l’année du bouleversement

Nicolas Aupee

13 janvier 2023571 vuesActualisé le 13 janvier 20231 commentaire

Il y a 14 ans, nous assistions au plus grand bouleversement de l’histoire de la F1. Lié à un brutal changement de réglementation, retournons sur cette saison qui a laissé des traces visibles aujourd’hui encore.

Turbulence financière

Après une année 2008 fantastique avec un titre se jouant dans le dernier tour, la FIA a pour volonté de simplifier l’aérodynamique des monoplaces afin d’aider les monoplaces à se suivre (déjà à l’époque). Par la même occasion, l’introduction du SREC (système de récupération de l’énergie cinétique) amène pour la première fois une motorisation hybride en F1.

Pour réduire les turbulences aérodynamiques, les dimensions des ailerons avant et arrière changent brutalement tandis que tout appendice aérodynamique hors ailerons devient interdit. La hauteur du diffuseur est modifiée et afin de retrouver une partie du grip perdu, les pneus redeviennent slicks.

Comparaison des monoplaces 2008-2009

Tous ses changements ont aussi pour but de rendre les monoplaces plus simples et le sport moins onéreux. En effet, cette période marque une crise financière sans précédent pour l’industrie automobile et les problèmes financiers des constructeurs japonais sont les marqueurs des difficultés des équipes à l’époque.

Fin d’année 2008, Honda annonce son retrait de sport auto. La F1 s’apprête à faire sa rentrée à seulement 18 voitures, une première dans l’histoire. La FIA veut éviter le massacre et Ross Brawn, ancien stratège de Ferrari parti chez Honda, rachète pour 1 $ symbolique l’équipe avec du groupe Honda qui continue de financer en partie l’équipe pour 2009. Les emplois sont sauvés et Brawn GP devient la 10^ème équipe de la grille.

Hiérarchie bousculée

Le nouveau règlement permet aux équipes d’ingénieurs de reprendre la création de leur monoplace à zéro, et à ce jeu, c’est souvent Adrian Newey le plus fort. Arrivé en milieu de saison 2006 chez Red Bull, le Britannique dessine une voiture qui semble très performante aux essais hivernaux. Cependant, trois autres équipes impressionnent : Williams, Toyota et Brawn GP. En effet, ces trois monoplaces affichent une belle forme en essais grâce à leur diffuseur totalement inédit. Pointés du doigt, les autres équipes portent réclamation auprès de la FIA sur la légalité de cette pièce. Quelques semaines plus tard, le résultat est sans appel : les designs des trois diffuseurs sont légaux.

Comparaison des fonds plats Brawn GP / Renault

En effet, les ingénieurs de ces 3 équipes ont trouvé une faille dans la réglementation technique. D’après le règlement, la forme des différentes ailettes du diffuseur doit former une ligne droite en regardant la voiture du dessous. Par contre, aucune règle n’est spécifié sur la forme des ailettes en dehors de ce plan. Ainsi, Toyota, Williams et Brawn ont travaillé beaucoup plus ces parties du diffuseur que les autres équipes et ont amélioré l’effet venturi de cette pièce. Cette idée de génie vient des ex-ingénieurs de la petite équipe Super Aguri. La faillite de l’équipe japonaise a vu certains employés retrouver un poste dans d’autres équipes en lien avec le Japon et ainsi, ce n’est pas un hasard de retrouver des diffuseurs si différents chez Brawn GP (ex-Honda), Toyota et Williams (motorisé par Toyota) cette année-là.

L’équipe à avoir poussé le principe le plus loin est Brawn qui a créé un diffuseur à double étage. La domination de l’équipe britannique va marquer tout le début de saison. Ainsi, à Melbourne, 1^ère course de la saison, les Brawn verrouillent la première ligne, Rosberg est 5^ème tandis que les deux Toyota sont 6^ème et 8^ème. En course, les Brawn font le doublé devant les deux Toyota.

Mis à part Red Bull qui parvient à gagner en Chine et à Silverstone par l’intermédiaire de Vettel, Brawn GP gagne 6 des 8 premières courses de la saison. Sur ces 8 premières courses, le duo Brawn – Toyota placera ses pilotes à 15 reprises sur le podium sur 24 places disponibles.

Trop en retard sur ces concurrents, Ferrari et Mclaren mettront la moitié de la saison pour développer leur propre diffuseur et revenir dans la bataille. Ainsi, Hamilton parviendra à gagner en Hongrie lors de la 10^ème course de la saison et à Singapour. Longue attente pour un champion du monde en titre. Raikkonen parviendra à gagner à Spa tandis que la seconde voiture de Maranello n’inscrira plus le moindre point à la suite de l’accident de Massa.

Bilan de saison

Au terme de la saison, Button devient champion du monde devant Vettel qui parviendra à prendre l’avantage sur un Barrichello vieillissant. Brawn GP devient champion des constructeurs et termine son unique saison en F1 au sommet. Unique saison ? Oui, car Mercedes rachètera la structure dès la fin de la saison pour faire son retour en F1. Hamilton et Raikkonen termineront respectivement 5^ème et 6^ème grâce aux évolutions de leur monoplace en seconde partie de saison.

Toyota, marquée par la crise financière, ne développera pas sa monoplace de la saison par manque de finance. L’équipe descendra au classement au fil de la saison et terminera 5^ème du championnat. L’équipe arrête la F1 à la fin de la saison et, éternel regret, restera sans victoire en F1 malgré une belle dernière 2^ème place à Suzuka. Chez Williams, l’équipe de Groove n’a pu compter que sur Rosberg pour inscrire des points. La faute à un Nakajima pas au niveau. Auteur d’une belle saison, l’allemand termine tout de même à la 7^ème place du championnat pour clôturer son ultime saison chez Williams.

Plus marquant qu’une histoire d’une année, la saison 2009 marque un tournant dans l’histoire de la F1. A partir de cette saison, le quatuor dominateur (Ferrari – Mclaren – Williams – Renault / Benetton ), ayant tout remporté depuis 1983, ne gagnera plus jamais un seul titre. A l’inverse, Brawn devenu Mercedes et Red Bull qui occupent les 2 premières place du championnat 2009 après des années en milieu de tableau, se partageront les 13 titres de champion à venir (8 pour Mercedes et 5 pour Red Bull).