Alpine, une réorganisation à la française

S’il est juste de dire que l’écurie Alpine n’aura plus aucun lien avec la France à partir de 2026, force est de constater que la nouvelle organisation de l’équipe est un chef d’œuvre de management à la Française. Etat des lieux d’une équipe qui pourrait toucher le fond dans les prochaines années.
Di Meo et Briatore, auteurs du massacre ?
Au moment où Briatore a pointé le bout de son nez, on aurait dû se douter que les choses allaient tourner au vinaigre. Vainqueur de plusieurs titres avec Benetton et Renault dans le passé, Di Meo a cru intéressant de recruter un papi de 74 ans pour redresser son équipe. Cependant, l’industrie de la Formule 1 a bien changé et Briatore nous a prouvé avoir un résonnement bloqué 15 ans en arrière.
Le choix du Team Principal
Premier fait d’armes, écarter Bruno Famin du poste de team principal pour le remplacer par Oliver Oakes, co-fondateur de Hitech GP. Même si le flegme de Famin détonnait avec le monde de la F1, le français était certainement l’homme incarnant le mieux la marque suite à ses exploits en endurance. La rupture est totale et l’idée est dévoilée au grand jour: Di Meo veut une importance moindre du groupe Renault en F1. Avec Oakes, elle possède un moyen de revendre l’équipe si les choses continuent de mal tourner. En effet, faisant suite à l’ambition de la FIA d’amener de nouvelles équipes dans la catégorie reine à l’horizon 2026, Oakes et Hitech se sont porté à de nombreuses reprises candidat, allant jusqu’à signer un partenariat avec Mercedes pour l’utilisation de leur soufflerie. Ce n’est donc pas un hasard de retrouver l’équipe allemande liée à Alpine quelques mois plus tard…
L’escroquerie du moteur
D’un point du vue financier, l’équation est simple. Développer un moteur de Formule 1 coûte près de 120 millions d’euros par an, alors que se fournir chez Mercedes n’en coûte que 17 millions. L’économie directe est donc de 103 millions, ce qui est loin d’être insignifiant pour la marque au losange qui reste loin de la stabilité économique. Mais plus qu’un choix économique, Alpine perd toute l’essence même de son équipe : son côté français face aux mastodontes britannique. Ce choix est 100% assumé. Ainsi, comme avait fait Di Meo avec Alfa Roméo quelques années auparavant, Alpine n’est plus qu’un sponsor, un nom qu’on accole à une équipe. Pourquoi dépenser tant d’argent et de savoir alors qu’on peut juste apposer son nom sur une F1 pour trois fois rien ?

Outre le fait que Renault continue de faire la girouette et de reproduire les erreurs du passé (troisième départ de la discipline au cours des 40 dernières années), le groupe est en train de perdre tous ces experts du département moteur qui fuient vers l’Italie ou le Royaume-Uni.
Ironie de l’histoire, après l’officialisation de Mercedes en tant que fournisseur moteur, Alpine s’est réveillé en fin d’année jusqu’à arracher la sixième place du championnat constructeur. Le moteur n’en est pas étranger et on ne peut qu’espérer que la situation se répète en 2025 pour faire justice à toute l’usine de Viry-Chatillon.
Le choix des pilotes
Comment attirer un panel large d’investisseur pour un éventuel rachat d’équipe ? Accepter autant de pilote de réserve que de potentiel investisseur pardi ! Outre Colapinto qui est là afin de profiter de la nouvelle hype argentine pour la F1 et vendre des voitures outre-Atlantique, les présences de Hirakawa et d’Aron dans l’équipe sont loin d’être anodine.
Avec Hirakawa, Alpine se rapproche du groupe Toyota pour, dans le pire cas, avoir un moteur japonais quand les Nippons reviendront en F1, ou dans le meilleur cas, être l’écurie parfaite à racheter au moment du retour de la marque japonaise. De son côté, Aron est l’œuvre de Oakes, qui rapproche toujours plus l’équipe de Hitech.

Au niveau des titulaires, Briatore n’a pas perdu sa mauvaise habitude de virer ses pilotes de manière écœurante. Viré avant le dernier Grand Prix de l’année, car en concurrence directe avec sa future équipe, Ocon en a fait les frais. Briatore oublie peut-être que c’est, entre autres, la deuxième place du normand à Interlagos qui a permis à son équipe de subtiliser la sixième place à Haas. Triste fin de parcours pour un pilote avec plus de 100 départs pour l’équipe. Sainz a peut-être bien fait de tourner le dos à une équipe de pirate.
Pour finir cet article, on souhaite bien du courage à Gasly et Doohan qui vont évoluer dans un environnement plus qu’incertain. D’ailleurs, on parle déjà d’un remplacement de l’Australien alors que la saison n’a pas commencé. Comment performer dans cette situation ?
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