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Audi et le sport automobile (partie 2/2)

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<strong>Audi et le sport automobile (partie 2/2)</strong>
Julien Peres

Suite de notre rétrospective sur la trajectoire d’Audi en sport automobile. Après avoir dominé le rallye mondial et le supertourisme depuis les années 1980, Audi Sport attaque le nouveau millénaire avec un objectif ambitieux : marquer l’histoire de l’endurance et des 24h du Mans.

Menés depuis le milieu des années 1990 par le Dr Wolfgang Ullrich, Audi Sport compte, grâce à ses campagnes victorieuses en supertourisme, un pool de pilotes capables aussi bien de briller en compétition que dans le développement de nouveaux modèles tels Frank Biela, Rinaldo « Dindo » Capello et Emanuele Pirro. Les 24h du Mans jouissent alors d’un prestige très élevé auprès des constructeurs : l’édition 1998 voit notamment Porsche, Mercedes, Toyota, BMW, Nissan et Panoz aligner des modèles capables de jouer la victoire au classement général.

C’est dans ce contexte de très forte concurrence qu’Audi arrive, sur la pointe des pieds, en 1999, alignant 2 modèles différents destinés à comparer plusieurs solutions technologiques. Les 2 Audi R8R, à cockpit ouvert, sont confiées à la légendaire écurie allemande Joest Racing, alors que Audi Sport UK aligne 2 R8C à cockpit fermé. Les premières prendront les 3ème et 4ème place de l’épreuve quand les secondes abandonneront. Audi adoptera alors le cockpit ouvert pendant plus de 10 ans.

A gauche, Audi R8R a cockpit ouvert et à droite la R8C a cockpit fermé.

Très ambitieux, les hommes d’Audi Sport reviennent en 2000 avec un nouveau prototype destiné à jouer la gagne : l’Audi R8 qui conserve le V8 bi-turbo de 3,6L de ses 2 prédécesseuse tout en capitalisant les enseignements de l’édition 1999. Ce nouveau modèle écrase la compétition et signe un retentissant triplé, emmené par le trio Tom Kristensen, Emanuele Pirro, Frank Biela. A nouveau favoris de l’édition 2001, les hommes de Wolfgang Ullrich subissent 2 mois avant le décès de Michele Alboreto lors d’une séance d’essais au Lausitzring à la suite d’une crevaison lente. C’est dans ce contexte lourd que le trio vainqueur l’année précédente renouvelle son exploit, emmenant un doublé de la firme allemande. Un nouveau triplé en 2002 parachève la domination d’Audi en ce début de millénaire. Sur ce même laps de temps, les hommes d’Ingolstadt remportent également l’American le Mans Series 3 fois consécutivement et l’European le Mans Series 2001.

Source: 24h-lemans.com

L’édition 2003 des 24h du Mans voit la victoire de la Bentley Speed 8, un modèle dérivé de l’Audi R8. Bien qu’Audi ait cessé le développement de la R8, des écuries privées remporteront à nouveau les éditions 2004 et 2005 de la classique Sarthoise. Participant encore à quelques courses aux Etats-Unis en 2006, l’Audi R8 prend finalement une retraite bien méritée, ayant remportée pas moins de 63 des 79 courses auxquelles elle aura pris part.

Mais les ingénieurs d’Audi sont alors loin de se reposer sur leurs lauriers. Dès septembre 2003, le bureau d’études travaille sur un nouveau modèle qui va révolutionner le sport automobile de la même manière que la Quattro un quart de siècle plus tôt : L’Audi R10 TDI et son coupleux V12 diesel de 5,5L bi-turbo. Ce modèle remporte 3 éditions consécutives des 24h, dont 2 confronté à Peugeot qui aligne sa 908 HDI FAP, également équipée d’un V12 diesel. Véritable laboratoire roulant, le moteur de la R10 est équipé d’un système d’injection « common rail » qui sera implémenté sur les modèles de série quelques années plus tard. Durant 3 saisons, la R10 remporte 36 des 48 courses auxquelles elle participe en Europe et aux Etats-Unis.

Au premier plan, l’Audi R10 TDI, premier prototype diesel à s’imposer au Mans, au second plan, l’Audi R8 sa prédécesseuse.

Dépassée par la Peugeot en performance pure, la R10 cède sa place à la R15 pour la saison 2009, le duel entre les 2 constructeurs est alors à son apogée. Battu sèchement en 2009 par Peugeot qui réalise le doublé, Audi prend une revanche retentissante en 2010 en signant le triplé, emmené par le trio composé de Mike Rockenfeller, Timo Bernhard et Romain Dumas. L’édition 2011 signe la dernière manche de ce duel historique entre le constructeur allemand et le constructeur français.

Suite à un changement de règlement, de nouveaux modèles sont introduits : Audi aligne sa toute nouvelle R18, à cockpit fermé, équipée d’un compact V6 de 3,7L à simple turbo. Très tôt en difficulté suite à l’abandon de 2 des 3 voitures alignées, Audi réussit néanmoins à s’imposer grâce au trio Lotterer-Fassler-Treluyer, suite à un dépassement devenu légendaire réalisé par Benoît Treluyer peu avant la fin de course. Peugeot abandonne finalement son engagement en endurance en fin de saison, non sans avoir mis Audi en difficulté sur leurs dernières courses communes.

Durant les 5 années de ce magnifique duel, Audi aura rarement dominé Peugeot du point de vue de la performance pure. Cependant, la science de la course et la symbiose entre les différents équipages et au sein même des équipages de la firme allemande aura fait la différence, alors même que Peugeot ne semblait pas parvenir à mettre en place le même niveau de cohésion dans son collectif.

Parachevant l’écriture de sa légende en endurance, les hommes d’Audi Sport remporteront 3 nouvelles victoires de 2012 à 2014 grâce à la R18 e-tron Quattro, évolution de la R18 équipée d’un moteur hybride et d’une transmission à 4 roues motrices.  Signant deux autres 3ème places en 2015 et 2016, éditions marquées par les victoires de la marque cousine Porsche, les hommes d’Audi se retireront de l’endurance à l’issue de cette dernière saison, n’ayant plus rien à y gagner.

En parallèle de cette épopée, Audi participe également de 2000 à 2020 au prestigieux DTM, disputé sur des silhouettes surpuissantes à moteur central arrière. En 21 éditions, Audi ne remporte pas moins de 10 titres pilotes grâce à Laurent Aïello, Mattias Ekström, Timo Scheider, Martin Tomczyk, Mike Rockenfeller et René Rast. Irréprochable dans son parcours et son attitude jusque-là, la saison 2015 verra le Dr Ullrich perdre son sang-froid lors de l’épreuve du Red Bull Ring, le leader allemand demandant à son pilote Timo Scheider de percuter volontairement ses rivaux pour le titre Robert Wickens et Pascal Werlhein.

Présente sur tous les fronts, Audi remporte également le championnat de FIA Formule E sur la saison 2016-2017 grâce à Luca di Grassi ainsi que le championnat du monde de Rallycross 2016 grâce au Suédois Matthias Ekström, qui avait déjà permis à la firme aux anneaux de décrocher 2 titres en DTM en 2004 et 2007. Enfin, Audi Sport s’illustre aussi en GT3 dans divers championnats grâce à de nombreuses équipes, bénéficiant d’un soutien plus ou moins marqué de la part de l’usine. Retenons ainsi les 4 victoires de l’Audi R8 LMS de 2011 à 2017 aux 24h de Spa-Francorchamps.

Source: Formulae.com

Dernier challenge en date pour les hommes d’Ingolstadt, la participation au Dakar cette année avec un buggy hybride avec l’objectif de devenir le premier constructeur à imposer cette technologie sur cette épreuve mythique. Comme à chaque nouveau défi, Audi Sport met les petits plats dans les grands avec un line-up de rêve : « Monsieur Dakar » Stéphane Peterhansel, Carlos Sainz et Matthias Ekström. Comme pour chaque constructeur débutant cette discipline, les débuts sont compliqués. Néanmoins, Sainz et Ekström remportent 3 victoires d’étape et ce dernier se classe 9ème en fin de rallye. Le développement continuant, Stéphane Peterhansel remporte plus tard dans la saison l’Abu Dhabi Desert Challenge. Le trio, à nouveau aligné en 2023 figurera sans nul doute comme un sérieux challenger pour Nasser Al-Attiyah et Toyota, les tenants du titre.

Le spectaculaire Audi RS Q e-tron E2 qui sera l’un des favoris du Dakar 2023.

Ainsi, Audi arrivera en Formule 1 en 2026 auréolé d’un parcours sans faute ces 40 dernières années en sport automobile. En catégorie reine, victoires et titres ont pu par le passé se refuser à d’autres grands constructeurs généralistes. Associés à Sauber, certainement la plus familiale et sympathique écurie de la grille, les hommes d’Ingolstatdt seront, à n’en pas douter, confrontés à leur plus grand défi.

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