Bilan F3 2025

Après trois saisons serrées, au point que le champion 2024 avait remporté le titre sans victoire, un pilote a survolé la saison 2025 laissant ses poursuivants se disputer les restes. Pourtant débutant, Rafael CAMARA a montré une maturité dans l’approche de sa saison ainsi qu’une vitesse intrinsèque montrant qu’il est déjà prêt pour la F2. Autre événement de l’année, c’est le titre équipe remporté pour la première fois par CAMPOS, principalement grâce à TSOLOV et enfin à BOYA dont le nouveau statut de pilote Aston Martin fut un coup de boost.
Une saison disputée malgré tout
Sur 19 courses disputées, nous avons eu le droit à 11 vainqueurs différents (dont 6 en courses principales). 29 des 37 pilotes s’étant alignés au moins sur une course ont marqué des points (dont 25 en courses principales) et 21 d’entre eux sont montés sur un podium (dont 14 en courses principales). Des chiffres très similaires à l’année dernière. C’est aux essais que la domination de Camara rend la statique très différente : Avec 5 pôles en 10 exercices, le pilote Brésilien n’a laissé que deux autres pilotes faire de même : Tsolov (3) et le surprenant Benavides (2).


Déroulement de la saison
Certes, Rafael Camara débute dans l’équipe championne en titre, mais il frappe fort dès le premier rendez-vous avec une pole et une victoire. S’en suivront deux nouvelles pôles et une victoire sur les trois premiers meetings. Camara donne déjà l’impression que la messe est dite. C’est l’Allemand Tramnitz, espoir Red Bull mais redoublant, qui dans un premier temps semble être celui qui résiste le plus. Il faut dire que Camara peine à ramener des points des courses sprints (accident en Australie, voiture calée au départ à Sakhir). Puis, c’est Tsolov, l’ancien espoir Alpine passé sous couleurs Red Bull, qui va venir le chatouiller avec notamment quatre premières lignes à partir de Monaco. Le Bulgare ne va cependant transformer ces courses en gros points que deux fois. En effet, sa victoire en course principale à Spielberg va lui être retirée pour une épaisseur de planche non conforme, tandis qu’une erreur stratégique anéantira l’avantage de sa pole à Silverstone. Pourtant avant d’être disqualifié en Autriche, il avait rejoint Camara au championnat (12eme Manche).

Ne marquant pas beaucoup plus de point que Tsolov à Silverstone et Spa, la marche en avant de Camara va reprendre en Hongrie où il retrouve ses standards avec la pole et la victoire en course principale. Il est ainsi couronné à un week-end de la fin du championnat, chose rare ces dernières années. Bien que peu productif en termes de point, le dernier week-end à Monza montrera tout l‘étendue de son talent. Dernier sur les deux grilles suite à un temps annulé aux essais, il effectue deux superbes remontées, finissant 12eme en sprint (avant d’être pénalisé) et cinquième en course principale.

Analyse des performances
Le schéma ci-contre a pour objectif de résumer la saison en montrant, à partir des qualifications, des grilles de départ type des courses sprints et principales, les pilotes ayant le mieux géré leurs potentiels.

On peut constater les très belles remontées de Nikola Tsolov et Mari Boya (pilotes Campos) lors des courses sprint alors que Camara n’est pas classé dans les dix premiers de ces courses à grilles inversées. Si Tsolov perd des points importants en course principale (notamment à cause de sa disqualification en Autriche mais aussi son accident à Melbourne et la grosse erreur stratégique à Silverstone), Boya gagne beaucoup de positions et termine deuxième meilleur pilote sur cet exercice. Il faut tout de même remarquer que ces deux pilotes en étaient à leur troisième année à ce niveau.
Quatrième du championnat Tim Tramniz a dû effectuer de grandes remontées en course principale (10 places) à la suite de qualifications trop souvent médiocres. Et comme il ne réussit pas à maintenir sa place en course sprint, il est difficile de voir le potentiel réel de ce pilote. Il est tout de fois temps pour lui comme pour Boya et Tsolov d’évoluer en F2.


Le pilote McLaren Martinius Stenshorne est quant à lui champion des courses sprints. Aussi moyen en qualification, il parvient à arracher quelques points importants en course principale. Il finit à une flatteuse 5eme place du championnat mais il est important de noter qu’il fut le seul pilote Hitech compétitif dans l’environnement difficile que l’on connaît. Vainqueur en sprint à Monaco, il remporte une course principale en Autriche après une superbe remontée depuis la 15eme place.
Sixième du championnat, Noah Stromsted coéquipier de Camara est le deuxième débutant du classement. Très proche du Brésilien en début de saison, l’espoir Mercedes a maintenu un niveau intéressant sur les trois premiers week-ends avant que les difficultés ne surviennent. Moins rapides aux essais, il remporte une course sprint, ce qui est insuffisant pour donner le titre équipe à Trident malgré la domination de Camara. Son erreur stratégique en course principale à Silverstone ainsi qu’une légère difficulté à tenir la distance en courses longues lui coûtent des gros points. On le retrouvera l’an prochain dans la même équipe dans l’optique de viser le titre.
Chez les Français, le jeune Théophile Naël a alterné le très moyen et excellent, démontrant sa capacité à se battre avec les gros bras du championnat avec une équipe de milieu de tableau. Se classant 8eme du championnat avec trois podiums en course principale, on retiendra ses débuts spectaculaires à Melbourne et sa superbe prestation à Silverstone. Son équipier plus expérimenté Santiago Ramos alternera aussi le bon (victoire en course principale à Imola, victoire et seconde place en sprint respectivement à Melbourne et à Barcelone) et le décevant (15eme du championnat avec aucun autre résultat), signe que l’équipe VAR en gros progrès a cependant tâtonné sur certains circuits.
Lui aussi débutant, l’autre Français Alessandro Giusti a légèrement déçu même s’il finit 10eme du championnat. L’espoir Williams a surtout inscrit ses points en course sprint. A sa décharge, son équipe MP n’a jamais semblé trouver les clefs pour rendre ses voitures rapides aux essais comme les performances de ses coéquipiers.
Les révélations
On ne les attendait pas, mais ils se sont fait remarquer :
Roman Bilinski : Perçu comme le troisième pilote de Rodin, le Polonais a très vite prit le meilleur sur ses coéquipiers, dont le très coté Voisin. Il finit l’année avec une victoire en course sprint compensant celle qui lui avait échappé à Barcelone. Dans les 10 premiers de notre tableau aussi bien en courses sprints qu’en courses principales, il finit paradoxalement seulement 11eme du championnat. Contraint de terminer sa saison 2024 plus tôt à cause de la maladie, le polonais rebondit de belle manière !
Tasanapol Inthraphuvasak : Incorporé dans l’équipe Campos, le redoublant Thailandais n’avait pas jusqu’ici frappé les esprits. Profitant certainement de l’expérience de ses équipiers, il est monté en puissance, participant au sacre de son équipe avec sa superbe victoire à Monza. Profitant de deux pôles en grilles inversées, il avait auparavant déjà remporté deux courses sprints (Silverstone et Hungaroring) montrant sa faculté à résister à la pression.
Ugo Ugochukwu : L’immense (par la taille) pilote américain est le seul pilote de l’équipe Prema à avoir surnagé. Pour gagner en poids, il décida à partir de Spielberg de retirer la peinture (orange McLaren) de sa voiture et la performance augmenta : troisième en Sprint avant sa pénalité et quatrième en course principale. Bien placé aux essais à partir de là, il monte deux fois sur le podium en sprint et aurait pu conclure sa saison par une victoire en course principale à Monza avant de partir en tête-à-queue. Il faut espérer que sa taille ne soit pas un handicap pour la suite de sa carrière prometteuse.
Freddie Slater : Le pilote Britannique, actuellement en lutte pour le titre FRECA, a attiré la lumière lors de ces deux piges au niveau supérieur. Dixième aux essais de son premier week-end à Sakhir dans la peu compétitive équipe AIX, il profite de la grille inversée pour franchir la ligne deuxième. Son retour à Spa chez Hitech aurait pu être du même tonneau mais ses pneus l’empêcheront cette fois de profiter de sa pole en sprint. Conscient de sa valeur, Slater n’a signé aucun contrat avec une filière de pilote, pour rester libre de choisir le plus tard possible. C’est peut-être la bonne option…
Les déceptions
Le projet Indycar de Prema a clairement impacté l’équipe championne en titre qui a perdu de sa superbe aussi bien en F2 qu’en F3. Pourtant, l’embauche du prometteur Noel Leon semblait un bon choix, mais rien ne s’est passé comme prévu. Rarement bien qualifié, ne parvenant pas à se faire remarquer en course, il est vite apparu qu’il ne jouerait aucun rôle cette année. Chez ses coéquipiers, Brando Badoer a accumulé les erreurs. L’équipe termine 7eme du championnat sans victoire : une première dans la discipline.

L’équipe Française ART, que l’on croyait remise en scène l’année dernière, est retombé dans le ventre mou du peloton. Laurens Van Hoepen n’a pas confirmé qu’il pouvait être le leader que l’équipe attendait alors que, parmi ses deux débutants très côtés, seul Tuukka Taponen sauve son année avec 3 podiums et la neuvième place au championnat. Il permet à l’équipe de se classer quatrième du championnat. Bien que le seul pilote de l’équipe à ramener une victoire, James Wharton n’a jamais donné l’impression d’être au niveau de sa réputation.
Callum Voisin : Cité comme un favoris pour le titre à la suite de sa très bonne fin de saison 2024, il loupe le premier rendez-vous avant de se rattraper à Sakhir en étant le seul adversaire de Camara. Il va alors alterner les bonnes performances aux essais qu’il ne transformera pas en gros points en course, avec des qualifications complétements ratées (Imola, Barcelone, Silverstone, Hungaroring, Monza). Pire, c’est son co-équipier Bilinski qui va prendre le dessus avec de belles remontées que Callum ne réussira jamais à faire. Une saison ratée qui demande une analyse avant de rebondir.
Charlie Wurz : Le fils de l’ancien pilote de Formule 1 était le seul non-débutant de l’équipe Trident et pourtant, il fut loin d’être au niveau de ses équipiers. A peine au niveau de Stromsted aux essais, il n’a jamais confirmé en course. Souvent dans des accrochages où il n’était pas forcément responsable, il finit deux fois sur le podium en course sprint ce qui est trop peu au regard du standing de son équipe.
Les nationalités des pilotes : Sur les 22 pays représentés (dont 9 hors continent Européen), trois possédaient quatre ressortissants (Grande Bretagne, Italie et Mexique). La France avec 2 pilotes et l’Allemagne avec 1 seul pilote semblent entamer un creux générationnel qui pourrait entraîner des répercussions dans quelques années.
Le classement de la rédaction:
1 CAMARA (débutant)
2 TSOLOV
3 BOYA
4 NAEL (débutant)
5 BILINSKI (débutant)


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