Formule 3: Bilan de la saison 2023
La saison 2023 de Formule 3 a été l’une des plus serrée et imprévisible de l’histoire. Trente-cinq pilotes ont participé au moins à une course, vingt-cinq ont marqué au moins un point et surtout, dix-huit pilotes sont montés sur un podium.
Cette dispersion des résultats rend difficile le jugement de valeur qu’on pourrait tenter sur ces futurs champions. Est-ce une année avec beaucoup de futurs grands talents ou au contraire, une promotion de pilotes trop jeunes et dont la formation est loin d’être complète ?
Pourtant au-dessus de ce chaos, un débutant Brésilien qu’on n’attendait pas vraiment, a remporté le titre sans que jamais le doute ne vienne s’installer sur sa classe supérieure. Au sein de la très bonne équipe Trident, Gabriel Bortoleto a pris la tête du championnat dès le premier week-end à Bahreïn pour ne plus la quitter jusqu’à la fin.
1- Gabriel Bortoletto
Dominateur à Melbourne (pole et victoire en course principale), le nouveau pilote de l’académie Mclaren n’a plus remporté de course lors du reste de la saison. Néanmoins, ses remontées méthodiques en courses « Sprint » et « Principale », aidées par cette chance du champion qui le plaçait toujours à l’abri des incidents de course, ont montré à tous une maturité indiscutable qui permet d’augurer une bonne suite de carrière en Formule 2.
Si notre statistique (tableau ci-dessous) montre que le Brésilien fut le meilleur en qualification, la réalité montre qu’il obtient cette position de justesse face à Mini. En moyenne 10ème sur la grille Sprint, il finit cette même course en moyenne à la 3ème position ! Quant aux courses principales, les plus significatives sportivement, il est de loin le meilleur.
Derrière Bortoleto, ce fut la foire d’empoigne, les candidats à la place de vice-champion changeant à pratiquement chaque fin de meeting.
2- Zak O’Sullivan
Favoris pour le titre en début de saison, le redoublant Zak O’Sullivan, pilote de pointe de la redoutable équipe Prema, termine deuxième du championnat. Mais que ce fut dure… Capable du meilleur (domination en Hongrie) comme du pire (multiples accrochages en tentant de remonter), ses performances en dents de scie en qualification l’ont grandement handicapé (seulement neuvième en moyenne et le moins performant de son équipe). Tout son mérite aura été d’y croire jusqu’au bout. Finalement auteur de quatre victoires (deux « principales » et deux « sprints »), le pilote britannique n’aura jamais pu remonter trois week-ends vierges de point. Finalement, O Sullivan sauve l’essentiel, mais le pilote de l’académie Williams va devoir améliorer sa gestion des courses difficiles.
3- Paul Aron
Troisième en FRECA en 2022 derrière Beganovic et Mini, Paul Aron n’était pas, à l’orée de la saison, celui qu’on attendait le plus dans l’équipe Prema. Finalement, son début de saison régulier, sans être flamboyant, lui permis de rester dans le match. Son niveau montant progressivement, il remporta une course sprint à Spielberg. Lors de l’avant-dernier meeting de Spa sous la pluie, il inscrivit le plus de points de tous les prétendants au titre. Cette performance le positionna en deuxième place avant la finale de Monza, mais avec un goût amer dû à l’erreur stratégique de son équipe qui l’arrêta en course pour chausser les slicks alors qu’il était en tête. Ces points perdus lui auraient permis de finir vice-champion malgré un dernier week-end rugueux où il enregistra son seul abandon de l’année dans un accident au départ. Il limita la casse en course principale en remontant 7ème. Finalement troisième au championnat l’Estonien peut cependant être satisfait de son année.
4- Franco Colapinto
Redoublant avec MP Motorsport, qui l’année précédente avait remporté quelques victoires, on voulait croire Franco Colapinto capable de bousculer la hiérarchie. La réalité fut plus difficile… Souvent classé vers la dixième place aux qualifications, il est le meilleur pilote de la saison en course sprint. Cependant, il fallut attendre Barcelone pour qu’il enregistre un premier podium en course principale. Très régulier sur la fin de saison, l’Argentin fit parler son expérience pour marquer le maximum de points. Sa disqualification pour voiture non-conforme (quille de suspension) lors de sa victoire en course sprint à Melbourne lui aura finalement coûté la place de vice-champion. Le bilan de celui qui commence à devenir une idole dans son pays est finalement bon si on prend en compte qu’il ne pilotait pas une Prema ou Trident.
5- Josep Maria Marti
C’est l’une des révélations de l’année. Josep Maria Marti entamait sa campagne avec la petite équipe Campos loin des standards des grosses écuries. Sa victoire en course sprint à Bahreïn semblait le maximum possible et sa sortie de piste aux essais à Melbourne, qui lui fit rater ce week-end, ne donnait pas l’impression que le protégé de Fernando Alonso pourrait faire beaucoup mieux. Pourtant, il récidiva avec une nouvelle victoire en course sprint à Monaco. Chez lui à Barcelone, le catalan écrasa la concurrence avec la pole et la victoire en course principale. La suite de la saison sera plus difficile à l’image de sa pole de Spa qui ne pourra pas être converti en gros points à cause d’une stratégie mal inspirée en course principale. Longtemps challenger pour la place de vice-champion, Josep Maria termine finalement cinquième après un dernier week-end raté à Monza. Cependant, son potentiel n’est pas passé inaperçu et un logo Red Bull est apparu sur son casque en Italie….
6- Dino Beganovic
Lorsqu’en début de saison Dino Beganovic prit le dessus sur ses deux équipiers, personne n’était vraiment étonné. Le Champion FRECA 2022 confirmait qu’il était peut-être la pépite de demain. Troisième du championnat après 10 courses (mais sans victoire), la machine s’est alors enraillée à partir de Silverstone ou une panne mécanique pendant les essais lui fit rater complétement son week-end. Malgré un sursaut en Hongrie avec une deuxième place en course principale, la fin de saison fut laborieuse avec un meeting raté à Spa et des qualifications stoppés à Monza par l’accident de Goethe qui le fit partir loin sans parvenir à remonter en course. Alors qu’en qualification le Suédois fut (de peu) le meilleur de son équipe, il termine finalement le championnat dernier des pilotes Préma. Sa saison laisse un goût amer en bouche, car derrière le résultat brut, on ressent un très bon pilote à qui il a manqué peu de chose… Pilote de la Ferrari Academy, il mérite une revanche.
7- Gabriele Mini
Après une superbe prestation finalement malchanceuse lors du premier week-end de Bahreïn (leader après sa pole, il est pénalisé de 5 secondes pour un problème de procédure de départ. La voiture de sécurité en fin de course le fit chuter huitième), Gabriele Mini fut classé comme débutant pouvant se battre pour le titre avec son équipe Hitech. Après un bon weekend à Melbourne, le pilote Alpine va dominer la course principale de Monaco et se retrouver deuxième du championnat. Hélas, la suite du championnat va être moins bonne pour le Vice-champion FRECA 2022. Malgré quelques hauts en courses sprint (2ème à Spielberg et vainqueur en Hongrie) beaucoup d’erreurs le feront chuter au classement (sortie à Spielberg, accident où il percute Marti à Spa et sortie lors du tour de pré-grille toujours à Spa). Sa belle remontée de 20 places en course Sprint à Monza confirme son potentiel, mais il est probable que sa réussite du début de saison l’ait rendu fébrile. Il sera intéressant de voir ce jeune pilote de 18 ans dans une équipe de pointe et plus mature l’année prochaine.
Les autres…
La surprise de l’année:
S’il y a une autre révélation que Marti cette année, c’est bien Taylor Barnard. Pilote dans la très peu compétitive équipe Jenzer, le pilote britannique a été l’auteur de prestations de haut niveau régulièrement jusqu’à sa superbe victoire stratégique sous la pluie à Spa, confirmé par son podium de Monza. On a hâte de voir ce pilote dans une équipe de pointe.
Pas si mal:
Pour sa troisième année, l’ancien pilote Red Bull, Jonny Edgar tentait de rebondir avec MP Motorsport. Décidé à faire oublier sa saison précédente, gâchée par des problèmes médicaux, on était curieux de voir si le pilote Anglais serait capable de retrouver son niveau. Si le début de saison fut difficile, il est parvenu en fin de championnat à montrer qu’il était revenu parmi les meilleurs avec des points dans quatre des six dernières courses et surtout une victoire en course principale à Monza. Son avenir ne devrait plus passer par la Formule 3, mais on peut saluer son effort.
On attendait mieux:
Au vu de ses prestations lors de ses apparitions ponctuelles l’année précédente, on pensait qu’Oliver Goethe serait un prétendant aux victoires cette année. Malheureusement, la saison du pilote allemand a été émaillée de hauts (premier week-end à Bahreïn et sa victoire en course principale à Silverstone) et de bas (sortie aux essais à Monza) . A revoir…
Pour sa troisième année en Formule 3, Caio Collet avait en charge de tirer vers le haut l’équipe Van Amersfoort. A part sous la pluie où le pilote Brésilien fit merveille, rien de notable n’est à citer pour un pilote qui se situe souvent vers le deuxième tiers du plateau. Après avoir respectivement fait 9ème, 8ème et cette année 9ème du championnat, Caio semble stagner et devra réorienter sa carrière. Un départ chez Alpine en WEC ?
Rapide comme le montre sa troisième position moyenne en qualification (voir tableau) Leonardo Fornaroli a clairement montré qu’être rapide n’est pas le plus important en F3 et il a passé la plupart de ses courses à descendre au classement. Peut-être est-ce son style de pilotage qui dégrade fort les pneus ? A l’image de la course principale en Hongrie où il fut pratiquement le seul à dégringoler dans le classement. Le pilote italien doit régler ce problème au plus vite.
Le jeune fils de Juan Pablo, Sebastian Montoya 18 ans n’a pas vraiment convaincu. Rapide mais brouillon dans la première partie de la saison, il s’est par la suite éteint à l’image de ses équipiers de chez Hitech. Certes, il aurait pu gagner à Silverstone la course sprint, mais sa relance après safety-car l’a mis à la merci d’une faute de Barnard. Pourra-t-il rebondir après avoir perdu le soutien de Red Bull ?
Dans la même veine, on peut classer son équipier Luke Browning. Extrêmement agressif voir en sur-pilotage en début d’année comme en Australie, il semblait avoir progressé à Monaco avec une belle quatrième place en course principale, avant de sombrer petit à petit avec son équipe. Le champion d’Angleterre 2022 de Formule 3 mérite cependant une deuxième chance.
Coéquipier de Marti chez Campos, Christian Mansell, qui n’a aucun lien de parenté avec l’ancien champion du monde Nigel Mansell, a commencé doucement avant de faire un très bon weekend à Silverstone. L’Australien a montré par la suite en quelques occasions qu’il pouvait se battre dans le premier tiers du plateau et profiter d’une bonne stratégie pour engranger des gros points comme en course principale à Spa.
Un petit mot sur Sophia Floersch, seule féminine du plateau, dont les performances sont difficiles à juger. Seule pilote de la moins bonne équipe du plateau à inscrire des points, elle a clairement dominé ses équipiers, mais difficile d’estimer le niveau de ceux-ci.
Catastrophe:
Qu’est-il arrivé à Grégoire Saucy, Champion FRECA 2021, et ART, tenant du titre pilote avec Victor Martins ? Pourtant, ce duo partait parmi les favoris du championnat ? Après un début difficile, mais avec quelques résultats comme une deuxième place en course principale de Melbourne, le pilote Suisse s’est par la suite effondré au point de devenir invisible. 47 de ses 54 points finaux ont été inscrits lors des trois premiers week-ends… Avec un niveau de compétitivité en baisse, s’est rajouté une malchance noire pour le pilote ART, toujours présent où il ne fallait pas et se retrouvant impliqué dans de nombreux accidents. Hélas, Grégoire n’a pas le bénéfice de l’âge, car du haut de ses 23 ans, il était le pilote plus âgé de la grille là où la moyenne d’âge tourne autour de 19 ans. Le fait que ses coéquipiers, notamment le tout jeune Tsolov, n’aient jamais réussi à sortir du lot n’est pas un signe de réconfort pour le pilote Suisse qui va devoir réfléchir à son orientation de carrière.
La cote de la redaction:
Si Botoleto est l’indiscutable numéro 1 de l’année, il nous semble que Marti mérite la deuxième place par ses performances faites avec une équipe qui n’est pas considérée comme un Top Team. De même l’année consistante de Colapinto nous paraît plus probante que la saison tout feu tout flamme d’O Sullivan. Mais chacun pourra se faire son idée…
1- Bortoleto
2- Marti
3- Colapinto
4- O’Sullivan
5- Barnard
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