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Hommage à Patrick Tambay

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Hommage à Patrick Tambay
Nicolas Aupee

Lorsqu’on demandait au créateur de Michel Vaillant, Jean Graton, quel pilote s’approchait le plus de l’idéal de son héros, il répondait sans hésitation : Patrick Tambay. Bel hommage pour ce pilote Français à l’image du gendre idéal qui véhiculait des valeurs d’honnêteté, sportivité et de performances.

Retour sur la carrière du pilote parisien, alternance de hauts et de bas à bord des monoplaces les plus rapides de la planète.

Extrait Michel Vaillant « Les jeunes loups »

Formule de Promotion

Vice-champion de Formule Renault en 1973 à égalité de points avec René Arnoux, il monte en Formule 2 où il effectue une bonne première saison sur une Elf 2 de l’équipe Colin Monrouge. Il termine 7ème du championnat.

A gauche: Tambay sur Formule Renault 1973. A droite: Tambay à bord de sa Formule 2 1974.

En 1975, il est embauché par l’équipe March championne en titre en Formule 2. Visant le titre de champion, le début d’année est compliqué pour lui et son coéquipier Michel Leclerc. Jacques Laffite accumule les points et prend assez d’avance lors de ses premières courses pour gagner le titre. Plus régulier mais moins victorieux, Patrick sera classé troisième du championnat à nouveau à égalité avec Leclerc vice-champion.

L’année suivante, Patrick revient dans une équipe française avec l’équipe ORECA Martini qui a gagné avec Laffite l’année précédente. Effectuant un bon début de championnat, Tambay sera en lutte contre son coéquipier et ancien adversaire René Arnoux. Devant au début de la saison, Tambay se fera déborder par la vista de son équipier. Trop occupés à se battre l’un contre l’autre, les deux équipiers perdront le titre face à un autre français : Jean-Pierre Jabouille. Tambay finit encore troisième du championnat. Ses chances d’accéder à la F1 semblent nulles.

1975 March F2 / 1976 Martini F2

Débuts en Formule 1

Sans avenir en Europe, Patrick traverse l’Atlantique pour disputer la série CanAm avec l’équipe de Carl Haas qui l’aidera tout au long de sa carrière. Il y rencontre Gilles Villeneuve avec qui il développera une relation d’amitié.  

En parallèle, une opportunité en F1 se présente à la mi-saison 1977. Après un échec pour se qualifier en France sur une Surtees, il s’aligne en Angleterre sur une Ensign sponsorisée par le Theodore Racing. Montrant de belles choses à Silverstone, qui marque aussi les débuts de Villeneuve et de Renault en F1, il termine 6ème en Allemagne deux semaines plus tard.

Le Parisien continue ses exploits en se qualifiant 7ème en Autriche en manquant de peu son premier podium au Pays-Bas à cause d’une panne d’essence dans le dernier tour de course.

Il finit l’année avec 5 points, autant que son illustre équipier Clay Regazzoni qui a pourtant disputé toute la saison.

1977: Lola T333-Chevrolet CanAm / Ensign N177 Ford

Alors qu’un an avant, il semblait sans avenir en F1, sa cote est maintenant au plus haut grâce à ses belles performances auxquelles il faut ajouter son titre en CanAm avec 6 victoires en 7 courses.

La désillusion Mclaren

A l’intersaison, il reçoit des offres de deux des trois meilleures équipes du moment : Ferrari et McLaren. Hélas, il choisit de signer chez McLaren dont l’année sera une descente aux enfers. A sa place, Ferrari offre le poste à son ami Gilles Villeneuve qui fera la carrière que l’on sait.

McLaren aligne pour la saison 1978 sa M26 développée l’année précédente et victorieuse à trois reprises avec James Hunt. Cependant, l’avènement de l’effet de sol relègue « l’ancienne » Mclaren dans les bas-fonds du classement. La saison est catastrophique avec un seul podium pour Hunt. Les deux pilotes finissent ex aequo au championnat à la 13eme place.

La saison suivante, Hunt est remplacé par Watson et McLaren compte sur sa nouvelle voiture à effet de sol pour remonter dans la hiérarchie. Mais, la M28 est difficile à mettre au point et toutes les nouvelles pièces vont en priorité au pilote Nord-Irlandais. Tambay se retrouve même dans l’obligation de reprendre l’ancien modèle lors de certaines courses.

En définitive et malgré la 3ème place de Watson en Argentine, la M28 est un échec. L’écurie prise de panique tente de refaire un nouveau modèle en cours de saison : la M29. Cependant, cette dépense d’énergie met clairement Patrick de côté et lui-même ne semble plus mobilisé. Il finit le championnat sans point et sans volant pour l’année suivante. En deux saisons, il est passé d’un des pilotes les plus convoités de la grille à un persona non grata.

Mclaren M26 de 1978 / Mclaren M28 de 1979

Son ami Carl Hass lui propose alors de revenir aux Etats Unis disputer la CanAm et une fois encore Patrick domine et devient champion.

Cependant, un retour en F1 reste son objectif premier, et il accepte l’offre d’une nouvelle petite équipe en 1981 : Theodore Racing, équipe du sponsor de ses débuts Teddy Yip.

Premier Grand Prix et premier point pour le français qui se rappelle aux bons souvenirs de chacun avec sa 6ème place. Evidemment, la petite équipe ne parviendra pas à garder le rythme au cours de la saison, mais lorsque Jabouille, insuffisamment remis de son accident au Canada l’année précédente, décide d’abandonner la F1, Tambay est appelé pour le remplacer chez Ligier.

Les résultats sont moyens et il finit l’année sans résultat malgré un Grand Prix d’Italie où il loupe un podium en roulant sur des débris.

Le Français se retrouve étiqueté de l’image d’un pilote fonctionnant au moral, capable d’exploits lorsqu’il va bien mais en fond de peloton dans les moments difficiles.

1980 : Lola T530 CanAm                 /               1981 : Theodore TY01-Ford

L’aventure Ferrari

Sans volant intéressant pour l’année suivante, Patrick répond favorablement à la proposition d’Arrows de remplacer Marc Surer qui se blesse lors de la première course de 1982. Patrick fait quelques tours, mais effrayé par la dangerosité de la voiture, il met un terme à l’aventure.

C’est le décès accidentel de son ami Gilles Villeneuve qui paradoxalement le remet en selle. Le Français prend le rôle de second pilote sur la Ferrari n°27 aux côtés de Pironi.

Lors du Grand Prix d’Allemagne où Pironi se blesse très gravement, Tambay répond aux espérances placées en lui en remportant la course. Handicapé par des problèmes de dos, il ne peut participer à toute la fin de saison et prend le temps de se soigner afin de viser le titre avec Ferrari pour la saison 1983.

De nouveau aux côtés de sa « bête noire » René Arnoux, c’est d’abord Tambay qui prend la mesure de son coéquipier comme sept ans plus tôt en Formule 2. Il gagne sa plus grande victoire à Imola sur le lieu même du dernier podium de Gilles Villeneuve. Les tifosis y voient tellement un symbole qu’ils applaudissent lorsque le leader Patrese, pourtant Italien, sort de la piste et offre la victoire au Français.  

Comme en 1976, la deuxième partie de saison de Patrick sera une suite de malchance alors qu’en parallèle, son équipier gagnera à 3 reprises et finira devant Tambay au championnat. Pour 1984, Monsieur Ferrari signe Alboreto et Tambay est sacrifié.

1982 : Ferrari 126C2                                  /                                    1983 : Ferrari 126C3

Au même moment, il y a du mouvement chez Renault. Après sa défaite lors du dernier Grand Prix de l’année, Alain Prost décide de quitter la marque au losange pour signer chez McLaren. La place disponible est proposée à Tambay qui, dans un premier temps, ne pense pas avoir perdu au change.

Malheureusement, c’est le début de la fin pour l’équipe Française. Handicapé par la réduction de carburant imposée par le règlement, les Renault finissent les courses au ralenti ou en panne sur les circuits.

Seul fait d’armes de la saison pour Tambay, sa pole et sa deuxième place au Grand Prix de France à Dijon à l’issue d’une course exceptionnelle. Sa saison sera perturbée par un accident au départ du Grand prix de Monaco qui lui fera louper un Grand Prix et nécessitera une remise à niveau physique progressive. Son équipier Warwick se tirera mieux de la galère Renault en finissant 7eme du championnat. Mais ce résultat, loin des espérances Renault, va précipiter la chute.

Pour 1985, l’équipe est reprise en main par un bras cassé dont nous tairons le nom. Malgré de belles performances du français en début de saison (2 podiums en trois courses), l’équipe va s’enliser dans une cascade d’abandon que le nouveau modèle RE60B apparu ne résoudra pas. Peu importe, Renault abandonne son rêve de F1 à la fin de l’année.

1984 : Renault RE50 TC                       /                          1985 : Renault RE60

Tambay une fois de plus sans volant, c’est à nouveau son ami Carl Haas qui vient le chercher pour sa nouvelle équipe de Formule 1 qu’il lance avec l’ancien champion de monde Alan Jones.

Malgré son statut de deuxième pilote et son accident au Canada qui lui fait passer deux jours à l’hôpital, Patrick effectuera une saison convaincante par rapport à son équipier. Cependant, les résultats sont faibles et ce projet, basé sur l’investissement de Ford, va être aspiré par Benetton en 1987. C’est la fin de l’aventure Lola-Haas, mais aussi la fin de l’aventure F1 pour Tambay dont on se souviendra de la pirouette à Monaco qui aurait pu mal se finir.

Fin de carrière

On le reverra en 1989 en Endurance dans l’équipe Jaguar. Cependant, la domination Mercedes cette année-là empêchera Patrick d’étoffer son palmarès. 4ème aux 24 heures du Mans avec Gilbert Scott et Lammers, il montera sur le podium à la deuxième place des 500 Km de Jarama avec le Hollandais.

1986 : Lola THL2-Ford                          /                         1989 : Jaguar XJR9

Il y a encore beaucoup à dire, et des courses passées sous silence faute de place, mais mes souvenirs personnels se tournent vers la course de F2 qu’il fit à Pau en 1978 en tant que « guest start » (il courait déjà en F1). Sur une chevron, il mena la course avec plus de 25 secondes d’avance avant que son moteur ne le force à abandonner à deux tours de la fin. Brulé à une jambe par l’extincteur, il sera forcé de déclarer forfait au Grand Prix de Belgique. Brillant mais malchanceux.

Fort de deux victoires et 5 pole positions en Formule 1, Patrick Tambay fut un grand pilote dont le palmarès ne reflète pas vraiment l’impact qu’il eut sur toute une génération de passionnés.

Geoffroy AUPEE

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