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L’Histoire des frères Rodriguez

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L’Histoire des frères Rodriguez
Julien Peres

En cette semaine de Grand Prix du Mexique, retour sur la trajectoire tragique des frères Pedro et Ricardo Rodriguez, légendes du sport automobile dans leur pays et dont le circuit de Mexico, porte le nom.

Nés en 1940 et 1942, Pedro et Ricardo Rodriguez grandissent dans la capitale du Mexique dans un environnement favorisé. Papa Rodriguez est le chef de la police de Mexico et un passionné de mécanique au pays où les Carreras, lointaines ancêtres des rallyes actuels sont reines. Dotés d’un tempérament de casse-cou, les 2 frères affûtent leur sens de la trajectoire, et de la glisse, sur 2 roues. D’abord à vélo, Pedro et Ricardo débutent les compétitions de motos au début des années 50, à peine sortis de l’enfance. Pedro Remportera le titre national en 125cc en 1952 et en 1954.

Fascinés par les automobiles, les 2 frères participent en parallèle à des rallyes locaux sur des Fiat, Jaguar et également Ford et Porsche, 2 marques que Pedro retrouvera plus tard dans la Sarthe. Ce dernier montre également un caractère bien trempé. Son père l’envoie, à 15 ans, de l’autre côté du Rio Grande, aux Etats-Unis, dans une académie militaire pour lui inculquer la discipline et perfectionner son anglais.

Les 2 frères traversent l’Atlantique en 1958 dans l’espoir de participer aux 24h du Mans, en compagnie de leur ami Jo Ramirez, mécanicien de son état, et qui occupera plus tard le poste de coordinateur sportif chez McLaren. Ricardo, du fait de son jeune âge, ne peut pas participer à l’épreuve. Pedro pilote une Ferrari Testa Rossa engagée par le NART (North American Racing Team) au côté du pilote Français José Behra. Malheureusement le binôme abandonne à la 12ème heure de course. C’est le début d’une relation passionnelle entre l’ainé des 2 frères et les courses d’endurance. Il participera consécutivement à 14 éditions des 24h jusqu’en 1971, au volant notamment de Ferrari, Ford et Porsche, les plus prestigieuses usines engagées en endurance ces années-là. Il ne verra que 2 fois le drapeau à damier.

C’est l’année suivante que les 2 frères sont autorisés à faire équipe, au volant d’une OSCA 750cc, Ricardo a alors à peine 17 ans, mais cette participation se solde à nouveau par un abandon. L’année d’après, Ricardo, associé au Belge André Pilette au sein d’une Ferrari Testa Rossa du NART monte sur le podium en terminant 2ème. Il demeure ce jour le plus jeune pilote à être monté sur le podium de la classique Mancelle, à 18 ans. Le Commendatore Enzo Ferrari tombe sous le charme de son pilotage, perpétuellement sur le fil, qui lui rappelle celui de Tazio Nuvolari, et qu’il retrouvera chez Gilles Villeneuve quelques années plus tard. Il lui confie une de ses Formule 1 pour le Grand Prix d’Italie 1961. Qualifié 2ème, le jeune prodige joue la victoire face à Phil Hill, champion du monde cette année-là, et Richie Ginther, avant d’abandonner sur une rupture de la pompe à essence. L’année d’après, Ricardo montera sur la 2ème marche du podium du Grand Prix de Pau, épreuve hors-championnat, toujours sur une Ferrari 156. Il impose également la marque italienne en endurance, lors de la Targa Florio aux côtés d’Olivier Gendebien et de Willy Mairesse. Désireux de courir devant son public, il s’engage en fin de saison au Grand Prix de Mexico, également hors-championnat, sur une Lotus 24 du Rob Walker Racing. Dès le premier jour d’essai libre, sa suspension arrière droite rompt et envoie la monoplace Anglaise dans les rails. Ricardo Rodriguez meurt sur le coup. La Formule 1 perd un futur seigneur et le Mexique une idole. S’ensuivent des funérailles nationales.

Ricardo Rodriguez à Zandvoort sur sa Ferrari 156 – Source photo Wikipédia

Pedro est traumatisé et hésite à interrompre sa carrière, mais la passion l’emporte. Continuant les courses d’endurance, il débute en Formule 1 en 1963, sur Lotus puis Ferrari, à l’occasion de piges au Mexique et aux Etats-Unis, sans grande réussite. En 1967, pour sa première saison complète, il réalise l’exploit de remporter le Grand Prix inaugural de la saison, en Afrique du Sud, sur une Cooper-Maserati. Il terminera la saison à la 6ème place du championnat. L’année 1968 constitue probablement sa saison la plus réussi en sport automobile. Engagé par l’écurie BRM en Formule 1, qui en fait son pilier, Pedro monte 3 fois sur le podium, sans gagner, et finit à nouveau 6ème du championnat. Mais c’est au Mans qu’il forge sa légende cette année-là. Disputés exceptionnellement au mois de septembre en raison des évènements du mois de mai, les 24h se déroulent majoritairement sous la pluie. Déjà reconnu comme l’un des meilleurs lorsque la piste est glissante, le Mexicain et son coéquipier Lucien Bianchi dominent l’épreuve et imposent leur Ford GT40 « Gulf » du John Wyer Racing avec 5 tours d’avance sur leur premier poursuivant.

La Ford GT40 avec laquelle Pedro Rodriguez et Lucien Bianchi se sont imposés au Mans en 1968 – Source photo Wikipédia

A nouveau pilote chez BRM en Formule 1 en 1970, Pedro remporte une seconde victoire en Grand Prix sous la pluie de Spa-Francorchamps, après un long duel avec Chris Amon et sa Ferrari. L’année 1971 doit le voir jouer le titre au volant d’une BRM au moteur plus puissant. Il prend la 2ème place du Grand Prix de Zandvoort, sous la pluie, à l’issue d’un long duel face à Jacky Ickx, autre « rain master » de l’époque. S’alignant en endurance dès que son emploi du temps le lui permet, Pedro participe au 200 miles du Norisring sur une Ferrari 512 privée le 11 juillet 1971. Il trouve la mort en course, dans l’incendie de sa voiture, écrasée contre un pilier de pont. Le peuple mexicain vient de perdre sa seconde idole.

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