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Nyck de Vries chez Alpha Tauri en 2023. Le talent attend, parfois, le nombre des années

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Nyck de Vries chez Alpha Tauri en 2023. Le talent attend, parfois, le nombre des années
Julien Peres

Les rumeurs qui circulaient depuis 1 mois ont pris fin samedi matin sous les nuages japonais. Si l’arrivée de Pierre Gasly chez Alpine constitue une source d’excitation et d’attente pour la saison à venir, son remplacement par le néerlandais Nyck de Vries au sein de la petite Scuderia de Faenza sera également scruté de près.

Si la cause semblait entendue depuis quelques jours, l’officialisation ravit le paddock tant le jeune néerlandais fait l’unanimité. Vu en essais au volant de la Mercedes, de l’Aston Martin et de la Williams avant de se voir offrir son baptême du feu au volant de cette dernière à Monza, suite à la crise d’appendicite d’Alexander Albon, de Vries se voit finalement offrir une saison complète chez Alpha Tauri pour 2023.

Remarqué comme l’un des kartmen les plus excitants dès la fin des années 2000, le petit (1m67, un avantage en karting et en monoplace) néerlandais est repéré par Ron Dennis, alors directeur de McLaren, qui l’intègre à son programme pour jeune pilote en 2010. Il décroche cette même année un premier titre mondial en Karting, exploit qu’il renouvellera en 2011 avant de passer à la monoplace en 2012. Très attendu, à l’instar de son compatriote Max Verstappen quelques années plus tard, le jeune Nyck va connaitre un premier accroc en mettant 3 saisons pour décrocher le titre en Eurocup Formule Renault 2.0. Favori dès sa deuxième année, de Vries et son équipe Korainen GP vont vivre une première demi-saison catastrophique avec une 7ème place comme meilleur résultat. Au pied du mur, le néerlandais redressera la barre en seconde partie de saison signant 2 victoires et 5 podiums sur les 6 dernières courses. Insuffisant pour monter sur le podium du championnat, composé cette année-là de Gasly, Rowland et Ocon. Demeurant chez Korainen GP pour la saison 2014, de Vries n’avait d’autre choix que de dominer le championnat pour convaincre Ron Dennis de le conserver au sein du junior team McLaren. Mission parfaitement accomplie, 6 victoires et 10 podiums en 14 courses, avec, une nouvelle fois une seconde partie de saison plus aboutie que la première. De Vries semblait retrouver la grinta qui l’avait animé en karting.

Promu en Formule Renault 3.5 au sein de l’écurie Mancelle DAMS pour la saison 2015, de Vries livrait une prestation solide, concluant le championnat à la 3ème position, meilleur rookie et décrochant sa première et seule victoire lors de l’ultime course de la saison. Satisfaisante, sa prestation était néanmoins à nuancer, confronté à un plateau plus faible que celui des années précédentes. Perdant le soutien de Renault l’année suivante, la série allait perdre une très grosse partie de son intérêt sportif. Confronté à cette situation, le néerlandais devait faire un pas en arrière en participant au GP3 series en 2016, une catégorie plus en amont dans la hiérarchie des formules de promotion. Intégré à la puissante structure française ART GP, de Vries subira la loi de ses coéquipiers Charles Leclerc et Alexander Albon, respectivement champion et vice-champion pour finir à une anonyme 6ème place au championnat.

Malgré ce revers, le néerlandais conservait le soutien de McLaren, mais se trouvait désormais dans l’ombre de Lando Norris, dont l’éclosion débutait à ce moment-là. Protégé historique de Ron Dennis, de Vries subissait de plus le changement de direction et les guerres de pouvoirs au sein de Woking face à Zak Brown, le nouveau patron, plus soucieux de défendre les intérêts de Norris, son protégé de longue date, que de faire avancer la carrière du néerlandais.

Promu en FIA Formule 2 au sein de l’équipe brésilienne Rapax en 2017, de Vries allait livrer un début de saison prometteur, bien que de nouveau éclipsé par Leclerc, également rookie. Vraisemblablement à l’aise sur les circuits sinueux, il décrochait une première victoire de prestige en course sprint à Monaco, avant d’enchainer sur une 2ème place en course principale à Bakou puis sur une double 3ème place au Hungagoring. Changeant d’équipe pour la 2ème partie de saison en rejoignant les espagnols de Racing Engineering, il allait signer une nouvelle seconde place à Spa-Francorchamps pour conclure le championnat à la 7ème place. Second rookie derrière Leclerc, mais devant Albon, la saison de de Vries pouvait-être jugée satisfaisante compte-tenu des monoplaces de milieu de tableau dont il disposait.

Cité comme favori par de nombreux observateurs pour la saison 2018, intégré à l’équipe PREMA, titrée en 2016 et 2017 avec Gasly puis Leclerc, de Vries allait, comme lors de sa seconde saison de Formule Renault, décevoir et subir la loi de George Russell, Lando Norris et Alexander Albon. Auteur malgré tout de 3 victoires dont 2 en courses principales, il allait définitivement perdre le soutien de McLaren face à Norris, promu dans la catégorie reine à la place de Stoffel Vandoorne. Retrouvant ART GP l’année suivante, de Vries allait finalement décrocher le titre, sans avoir spécialement dominé un championnat plus faible que les années précédentes, après avoir bataillé avec Nicholas Latifi une bonne partie de la saison, lors d’une saison endeuillée par le décès d’Anthoine Hubert à Spa-Francorchamps.

Nyck de Vries l’année de son titre en Formule 2 avec ART GP – Source Wikipédia

En parallèle de cette dernière saison de Formule 2, de Vries débutait en endurance en WEC et aux 24h du Mans en LMP2. Vainqueur des 6h de Fuji 2019 dans cette catégorie, il allait se mettre en évidence comme l’un des pilotes les plus véloce et fiable de la catégorie, jusqu’à taper dans l’œil de Toyota qui en fera son pilote de réserve LMP1. Seul bémol, de Vries n’aura jamais brillé aux 24h du Mans en 4 participations.

Sans solution en Formule 1 à l’issue de son titre en Formule 2. Nyck trouvait refuge en Formula E chez Mercedes, bénéficiant du soutien de Toto Wolff. Aligné dans un championnat de plus en plus compétitif au côté de Stoffel Vandoorne, de Vries allait tout d’abord subir la loi du Belge avant d’exploser pour sa seconde saison. Premier champion du Monde de Formule E (la série ne bénéficié pas du label championnat du monde jusqu’alors) dans une saison incroyablement serrée, 15 pilotes se tenant en 23 points à l’issue de la finale. Moins favorisé par les circonstances pour sa 3ème saison dans la série, il allait cependant ajouter 2 nouvelles victoires dans sa musette et contribuer au titre de son coéquipier Belge et de son équipe.

Jusqu’à il y a un mois. De Vries s’apprêtait à disputer un double-programme ambitieux en LMP1 avec Toyota et en Formule E avec Maserati, nouvel arrivant. Sa participation au Grand Prix d’Italie aura tout changé. Annoncé au volant de la Williams le vendredi soir après avoir pris part à la 1ère séance d’essais libres le matin avec Aston Martin, de Vries allait d’emblée signer un chrono à 1/10ème de seconde de Latifi, son coéquipier d’un week-end en essais libres 3. Enfonçant le clou du cercueil de la carrière en Formule 1 du canadien, de Vries accédait à la Q2 et réalisait la 13ème marque des qualifications quand son coéquipier demeurait en Q1. Parti 8ème sur la grille de départ après application des pénalités, juste derrière Alonso et Verstappen, de Vries signait finalement un dimanche après-midi de toute beauté.  Réalisant une course tout en contrôle avec juste l’agressivité nécessaire dans les duels, contre Alonso au départ notamment, pour finalement offrir les 2 points de la 9ème place à une équipe qui lui demandait simplement de faire de son mieux. Rarement un rookie n’aura fait aussi forte impression dans ce contexte.

Nyck de Vries au Grand Prix de Monza affublé du numéro 45 – Source Facebook Nyck de Vries

Cette prestation remarquée aura tapé dans l’œil du paddock. Williams voulait dès-lors l’engager pour 2023, mais de Vries était courtisé également, un temps par Alpine, puis par Alpha Tauri et l’intransigeant manager des pilotes Red Bull, Helmut Marko. C’est finalement cette dernière structure que le néerlandais intègrera l’an prochain, remplaçant un Pierre Gasly dont la lassitude commençait à se voir. Pièce rapportée au sein des pilotes Red Bull, de Vries intègre la petite scuderia de Faenza de la même manière que Brendon Hartley et Sébastien Bourdais avant lui (la trajectoire de de Vries rappelle d’ailleurs, par certains aspects, celle du pilote manceau). Néanmoins, si ces 2 pilotes n’ont pas su se faire une place pérenne parmi l’élite, il serait injuste de penser que le futur pilote Alpha Tauri suivra le même chemin. De Vries arrive en Formule 1 auréolé de 3 titres en sport automobiles et de 2 titres mondiaux en Karting, palmarès dont peu de pilotes de la grille actuelle peuvent se targuer. Ses dernières années en Formule E et en tant que pilote de réserve Toyota ont pu lui enseigner une manière de travailler proche de ce qu’il va rencontrer en Formule 1. Enfin, ses dernières expériences aux volants de Formule 1 différentes et le temps passé dans le simulateur Mercedes seront également un avantage pour prendre le plus rapidement possible ses marques chez Alpha Tauri.

Il devra néanmoins se méfier de son coéquipier Yuki Tsunoda. Le japonais n’a pas encore transformé l’essai mais sera un adversaire redoutable pour sa 3ème saison en Formule 1. Doté d’une pointe de vitesse impressionnante l’ancien protégé de Honda aura à cœur de dominer de Vries pour prouver sa valeur. Dotés de petits gabarits comparables, les futurs coéquipiers devraient offrir beaucoup de possibilités aux ingénieurs en matière de répartition des masses. Nous pouvons en effet souhaiter aux pilotes que la future Alpha Tauri soit plus performante que l’actuelle.

Nyck de Vries réussira-t-il à confirmer la bonne impression de sa pige de Monza ? Premiers éléments de réponse le dimanche 5 mars 2023 à Bahreïn.

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