On a lu le nouveau Michel Vaillant « Légendes » – Dans l’enfer d’Indianapolis
Michel Vaillant fait son retour en ce début d’automne ! Dans la même veine que la série « Classic » de la bande dessinée aéronautique Buck Danny, initiée il y a quelques années, le plus grand champion automobile de l’histoire de la bande dessinée est mis en scène lors de participation aux courses mythiques des 60’s et des 70’s.
Disons le d’emblée, le concept est sacrément séduisant. Complémenter la série principale, implantée dans le présent, époque d’un sport automobile aseptisé où les pilotes soupèsent la moindre déclaration aux journalistes et où la FIA régente jusqu’au port des sous-vêtements, d’une série se replongeant dans l’Histoire de ce sport a de quoi réjouir les fans historiques de Michel et Steve, aussi bien que d’initier les jeunes à l’esprit de l’époque Jean Graton. Le cadre choisi pour ce premier volume est la légendaire édition 1966 de la plus mythique des courses de monoplaces made in US.
Cette édition, la 50ème de l’histoire de la course, fut certainement l’une des épreuves des plus relevées de l’histoire du sport automobile. Confrontant les stars de la F1 de l’époque, Graham Hill, Jim Clark et Jackie Stewart aux légendes américaines Mario Andretti, AJ Foyt, Dan Gurney, Al et Bobby Unser. Animée d’emblée par un « Big One » qui laissera sur le carreau 11 des 33 participants, la course sera un véritable jeu de massacre à l’issue de laquelle seuls 4 pilotes verront le drapeau à damiers. Le plus faible nombre de son histoire. D’abord dominée par l’américain Lloyd Ruby sur Eagle, c’est ensuite Jackie Stewart qui fera la plus forte impression, écrasant la seconde moitié de l’épreuve jusqu’à abandonner à 10 tours du terme sur une rupture de la pompe à huile. Tragique. C’est ainsi que Graham Hill, rookie, allait décrocher sa première, et unique victoire sur le Brickyard devant le vainqueur de l’édition 1965 et plus grand pilote des année 1960, Jim Clark sur sa Lotus. Las, le patron de ce dernier, l’emblématique Colin Chapman n’en démordait pas : selon lui, les officiels avaient oublié de comptabiliser un tour à son poulain, vrai vainqueur de l’édition. De fait, personne ne pourra affirmer un jour connaitre le premier pilote à avoir franchi 200 fois le Brickyard. Certains spectateurs attentifs assurant même que les erreurs de comptage auraient été légion cette année-là et que le véritable vainqueur était en réalité le 4ème de l’épreuve : l’américain Gordon Johncock sur Gerhardt.
C’est dans ce contexte bouillant que nous retrouvons nos amis Michel, Steve, mais également Jean-Pierre et Henri. Mêlant éléments historiques et pure fiction, Dans l’enfer d’Indianapolis constitue globalement une réussite. Les traits des personnages rappellent nettement le coup de crayon de Jean Graton, bien que certains profils puissent être améliorés. Nos héros roulent à l’avant du peloton tout en luttant contre un gang mafieux. Rhona, l’autre héroïne (ou anti-héroïne ?) du récit rappelle Françoise Hardy dans Grand Prix de John Frankenheimer. Les fans les plus attentifs noteront également le sympathique hommage à Jean et Francine Graton page 63. Par ailleurs les mêmes fans attentifs objecteront que Michel et Steve ont déjà participé aux 500 miles d’Indianapolis 1966, face à Bob Cramer dans Suspense à Indianapolis dans le tome 11 de la saison 1 (Les « Vaillante » sont d’ailleurs très similaires dans les 2 albums !), qu’importe, la bande dessinée permet cette magie.
Vous l’aurez compris, nous sommes assez fans. Après Voltage, Pikes Peak et Cannonball, les 3 meilleurs albums de la nouvelle saison moderne de la saga Michel Vaillant, ce premier tome de la série « Légendes » montre que l’Amérique réussit bien à Michel. La dernière planche de l’album entrouvre la porte de l’environnement du prochain album : nous ne spoilerons pas mais nous pouvons dire que nous avons hâte. Les années 1960 et 1970 ayant probablement été les plus excitantes de l’histoire du sport automobile, le filon à exploiter est considérable.
Dans une époque où le sport automobile cherche à attirer de nouveaux publics par des innovations inédites (série Netflix, driver of the day, fanboost en Formula E…), Michel Vaillant montre à nouveau que l’Histoire de la compétition automobile et le côté chevaleresque des pilotes du XXème siècle demeure un vecteur de rêve qui peut parler à tous les fans de ce sport magnifique.
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