Que nous ont appris les 24 heures du Mans 2024 ?
Ferrari / Toyota: une rivalité naissante
Pour la deuxième année consécutive, un duel Ferrari / Toyota nous a gardé en haleine lors de cette 92ème édition du double tour d’horloge de la Sarthe. Dans un premier temps à 3 contre 1, l’abandon de la valeureuse Ferrari n°83, combiné au retour de la n°7 parti en dernière position, a rééquilibré les débats. La Toyota n°8 placé à 5 secondes de la Ferrari n°50 à 3 heures de l’arrivée, la bataille semblait prometteuse. Cependant, un accrochage polémique avec l’autre Ferrari fera perdre 50 secondes à la Toyota n°7 et tout espoir de victoire. Le dernier relais magique de Buémi n’y changera rien. La Ferrari n°51, pénalisé de 5 secondes, la victoire se joue alors entre Nielsen sur la Ferrari n°50 et Lopez sur la Toyota n°7. Malgré une grosse gestion de son carburant lors de son relais, Nielsen gère et gagne avec 14 secondes d’avance sur Lopez. Dommage pour Toyota qui gardera en travers de la gorge le tête-à-queue de Lopez lors de son dernier relai. Fidèle à lui-même avec cette erreur, l’Argentin n’est pourtant pas le seul à blâmer sur cette défaite. L’accident de Kobayashi en qualification combiné au crash de De Vries lors du warm-up auront eux aussi pesé dans la balance. Plus qu’une défaite de Toyota, ce sont les pilotes qui ont jeté une opportunité de rentrer dans l’histoire.
Porsche et Cadillac en embuscade
Bien placés en qualification, Cadillac et Porsche nous ont donné une preuve supplémentaire que les qualifications ne représentent pas la hiérarchie d’une course d’endurance. Rapide et souvent en tête lors des douze premières heures, les Porsche ont cumulé les erreurs de pilotage et de stratégie sous la pluie qui leur ont fait perdre de vue la victoire, même si l’on a cru que la Porsche n°6 allait arracher la troisième position en fin de course.
A bord de leur V8 vrombissant, les pilotes Cadillac ont fait le show cette année. Malgré des premiers arrêts mal négociés, les monoplaces n°2 et n°3 sont remontées dans la hiérarchie. A 10 heures du matin, tandis que la Cadillac n°3 abandonne la n°2 mène. Décalé en stratégie d’un demi-relai, on pense un temps que les Américains peuvent remporter l’épreuve. Cependant, la voiture dégrade trop ses pneus comparé à ses adversaires et le décalage stratégique ne fonctionnera pas. Cadillac termine septième, pas représentatif du niveau de performance de leur trio de pilote Bamber-Lynn-Palou.
Une course serrée, en trompe l’œil
9 voitures dans le même tour après 24 heures de course ! Montrant le niveau de performance des équipes engagées, ce record n’en reste pas moins biaisé. En effet, le système de voiture de sécurité regroupant toutes les voitures a joué un grand rôle dans ce résultat. Bien pour le suspens, mauvais pour le mérite, de nombreux équipages ont vu leur avance durement construite réduite à zéro suite à une intervention en piste. De plus, souvent trop longue, chacune des interventions nous a privés d’une heure de course au minimum. En cours d’amélioration par la FIA, le WEC pourrait prendre exemple sur les 24 heures de Nurburgring où les Slow Zones sont utilisées en priorité et respectent l’ordre établi tout en permettant aux commissaires de travailler en sécurité.
Des Peugeot sans rythme
Désavantagée par la BOP qui a été très dure avec l’équipe française, les performances de l’équipe depuis l’introduction de la 9X8 EVO sont alarmantes. Neuvième à Imola, dixième à Spa et hors des points au Mans, Peugeot est loin de ce qu’espérait la marque en termes de résultat, et se place clairement comme la pire des équipes en Hypercar depuis 2023. Un temps en tête lors de l’édition l’année dernière, Peugeot semble avoir fait un pas en arrière avec sa nouvelle voiture. Attention, sans performance, la marque française pourrait perdre patience dans le projet.
Fortunes diverses pour les rookies
Rapides en qualification, Alpine et BMW avaient impressionné le samedi. Cependant, 6 heures après le départ, aucune voiture bleue n’était présente en piste tandis que les BMW, dans tous les mauvais coups, allaient couler dans le classement. A l’inverse, Lamborghini a étonné positivement. Loin en qualification, les voitures se sont révélées fiables et terminent toutes deux la course, se payant même le luxe de chiper la dixième place à Peugeot. Petit poucet de la catégorie, les performances d’Isotta Fraschini sont à mettre en valeur. A l’arrivée sans problème majeur, la petite équipe a montré qu’elle méritait sa place en Hypercar, à l’inverse de Vanwall l’an dernier.
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