Un jour, une course: Donington 1979, Finale de la Formule 2
C’est en plein mois d’août sur le légendaire circuit de Donington que se dispute la finale du championnat d’Europe de Formule 2 1979. Douzième épreuve de la saison, elle promet d’être intense car trois pilotes, séparés d’un point, peuvent encore être champion.
Après une saison 1978 dominée par l’équipe officielle MARCH (Polifac BMW), personne ne s’attendait à un championnat aussi serré. Mais l’introduction de l’effet de sol en F2 a redistribué les cartes. La MARCH 792 n’est pas au niveau de sa devancière si bien que l’équipe Toleman a même réussi à faire triompher le modèle de l’année précédente à Thruxton. Cette même équipe, qui fait maintenant courir des RALT RT2, commence à faire figure d’épouvantail.
A cette époque, la victoire rapporte 9 points au vainqueur, les suivants récupérant respectivement 6, 4, 3, 2 et 1 point pour la sixième place.
Les prétendants au titre:
Brian Henton : 33 Points / RALT RT2-Hart / TOLEMAN Group Motorsport
Surnommé « Superhen », Brian a déjà disputé des Grand Prix de Formule 1 mais dans des conditions précaires qui ne peuvent permettre de juger de sa valeur (remplaçant Lotus en 1975, March privée et Boro en 1977). Bien que déjà âgé de 32 ans, il croit en sa bonne étoile en s’alignant régulièrement en F2. 10eme en 1975 sur une March privée (2 podiums), 10eme en 1977 où il remporte une victoire mémorable à Thruxton et 18eme en 1978 avec énormément de malchance qui l’empêche de faire de bons résultats.
Enfin embauché par une équipe d’usine, Brian connaît parfaitement les pistes britanniques et fait office de favori. En début d’année, il est choisi pour mettre au point la nouvelle Ralt RT2 pendant que son équipier Dougall avec la vieille March 782 prend la tête du championnat après 3 épreuves. Henton peine à régler la voiture et inscrit quelques points avec une troisième place et une quatrième à Silverstone et à Hockenheim avant d’être pris dans un accrochage à Thruxton. L’Anglais décide alors de revenir à l’ancienne monoplace et arrive deuxième au Nurburgring.
A Vallelunga, il mène lorsqu’il doit abandonner à la suite d’une crevaison. Une semaine plus tard, Henton fait enfin triompher la Ralt au Mugello après avoir signé la pole. Il prend par la même occasion la tête du championnat. Cependant, à Pau, Brian sort dès le premier tour. Deux semaines plus tard, il abandonne sur problème de boîte à Hockenheim. La Ralt retrouve de sa superbe à Zandvoort, où Brian et son équipier monopolisent la première ligne. En tête, Brian rétrograde en course à cause de ses pneus et termine 4eme. A 3 courses de la fin, il est troisième du championnat à 5 points de Cheever.
C’est à Enna que va avoir lieu le psychodrame de la saison. En pole, Henton coupe la première chicane pour éviter un accrochage au départ. Il reprend la piste devant tout le monde alors qu’il avait été précisé au briefing que dans cette situation, le pilote devait attendre l’autorisation des commissaires pour revenir en piste. Bien que vainqueur, il est disqualifié. Il se venge une semaine plus tard en triomphant à Misano après avoir fait la pole. Avant la finale, une réclamation est posée suite à la disqualification de la manche d’Enna. Si la pénalité est annulée, Brian serait mathématiquement champion avant même Donington. Le résultat de cette réclamation ne sera communiqué qu’après la finale.
C’est donc avec cette pression, mélange d’injustice et rôle de favori devant son public, que le britannique aborde la finale. Il ne doit pas perdre.
Eddie Cheever : 32 Points / OSELA FA2/79-BMW / OSELLA Squadra Corse
Bien plus jeune que ses adversaires (21 ans), Eddie entame pourtant sa quatrième saison en Formule 2. Après avoir suscité de grands espoirs en étant vice-champion il y a deux ans, l’Américain de Rome, sans bons volants en F1, a dû refaire une saison dans la structure « Projet 4 Racing » de Ron Dennis, qui le soutient depuis ses débuts. Présenté comme l’adversaire numéro 1 de l’équipe March, Eddie n’a jamais pu se mettre au niveau au point de finir seulement 4ème du championnat sans aucune victoire.
Après cette mauvaise saison, Cheever persévère en F2. Présenté déjà comme un ex-espoir, sa saison est cette fois au-delà des attentes. Avec un vieux châssis remis au goût du jour, il profite à deux reprises des performances de ses pneus Pirelli pour triompher à Silverstone et à Pau sous la pluie. Il enfonce le clou à Zandvoort avec une nouvelle victoire ,cette fois-ci sur le sec. Cependant, si Cheever n’a pas plus de points au championnat, c’est aussi à cause de ses pneus qui sont dépassés sur certaines pistes par rapport aux Goodyear des adversaires.
A Hockenheim, bien placé, il perd du temps à la suite de l’effondrement de ceux-ci. Classé 6eme au général, il marque 2 points (Rosberg le vainqueur est hors championnat). A Thruxton, c’est une fuite d’huile qui lui fait perdre la 3eme place. Au Nurburgring, il termine hors des points à la suite d’une erreur de stratégie et à Vallelunga, il s’accroche au départ. Au Mugello, il abandonne très tôt à la suite d’un problème de pression d’essence avant que des accidents n’interrompent ses courses lors des deux manches du second week-end d’Hockenheim. Lors des deux dernières courses à Enna et Misano, Cheever marque quelques points, mais la performance de la voiture n’est pas là. Des trois prétendants au titre, il est celui dont la cote est la moins forte sauf si la pluie s’en mêle.
Marc Surer : 32 Points / MARCH 792-BMW / POLIFAC BMW Junior Team
Parmi les favoris du championnat, à la suite de son titre de vice-champion l’année précédente, Surer a subi un début de saison catastrophique : 0 point en trois courses. Sorti dans le tour de chauffe à Silverstone, abandon à Hockenheim et bris mécanique à Thruxton. Il faut attendre le grand circuit du Nürburgring pour que sa stratégie audacieuse de partir en slick sous la pluie lui permette de triompher.
Chanceux à Vallelunga, il profite de l’abandon de Henton pour s’imposer une deuxième fois et rejoindre Dougall en tête du championnat. Pris dans un accident au Mugello, il pense se rattraper à Pau avec la pole. Cependant, un contact musclé avec Rahal tord sa roue. Il limite les dégâts en arrachant la troisième place. Avec 2 points supplémentaires à Hockenheim, malgré des problèmes de boîte, le suisse de 27 ans prend la tête de championnat. A Zandvoort, il rétablit une situation compromise aux essais et arrache la troisième place tout en perdant la tête du championnat. Après un week-end catastrophique à Enna, il marque 4 points à Misano malgré une fois de plus, des problèmes de boîte de vitesses.
Avec 1 point de retard, Surer a beaucoup à perdre à Donington. N’ayant pas vraiment confirmé ses dispositions de l’année précédente, Surer explique que pour des raisons financières, il n’a pu profiter de l’expertise de l’ingénieur de March, Robin Herd, qui a passé la plupart de la saison avec l’équipe de Ron Dennis qui fait courir Derek Daly.
Derek Daly : 24 Points / MARCH 792-BMW / Project 4 Racing ICI Racing Team
Bien que n’étant plus dans la course au titre, l’Irlandais de 26 ans mérite qu’on s’attarde sur son parcours. Autre favori du championnat avec Surer, Daly s’est pénalisé dès le départ en courant parallèlement en F1 et en F2 avec certaines dates concomitantes. Son contrat en F1 avec Ensign ayant la priorité, il a finalement loupé 3 des 11 précédentes courses du championnat (il fut remplacé deux fois par Rosberg et une fois par de Cesaris). Choix catastrophique car la nouvelle Ensign fut un échec et il ne réussit à se qualifier que 3 fois en 7 tentatives.
Une semaine avant la finale de Donington, Ken Tyrrell lui fait confiance au départ du Grand Prix d’Autriche en remplacement de Jean Pierre Jarier, victime d’une hépatite virale. L’irlandais finit huitième juste derrière son équipier Pironi. Il arrive donc à Donington avec le moral remonté.
En Formule 2, il a bien commencé l’année par une seconde place à Silverstone même si des problèmes de boite de vitesse lui ont fait perdre la victoire. Après la victoire de sa voiture aux mains de Rosberg à Hockenheim, il arrive de nouveau deuxième à Truxton. Il ne revient ensuite que pour la sixième manche du championnat mais est éliminé dans l’accident du départ. A Pau, il mène peu avant la mi-course lorsque Cheever le rattrape et le pousse hors course au virage de la gare. Arrivant 2ème à Hockenheim derrière son équipier Stephan South, il est lointain sixième à Zandvoort lorsqu’il crève dans le dernier tour et ne marque aucun point. A Enna, il termine 2ème après une belle remontée à la suite de sa sortie pour éviter l’accident du départ. On pense qu’il va enfin gagner à Misano mais il abandonne à cause d’un problème de boite qui annihile ses chances de titre. Avant cette course, on lui reproche de n’avoir gagné aucune manche cette saison.
Les qualifications:
Pour cette finale, chaque équipe a sorti de nouvelles cartes pour renforcer ses chances. Osella arrive avec un châssis neuf, March a testé sans relâche la piste de Donington avec Marc Surer tandis que Toleman aligne une troisième voiture pour Tiff Needell. La troisième voiture de l’équipe March qui a été utilisée par plusieurs pilotes au cours de l’année est cette fois alignée pour un jeune espoir de la F3 anglaise : Stefan Johansson.
Le samedi matin, c’est Marc Surer qui fait le meilleur temps devant Teo Fabi (March usine de l’équipe B) et Henton. Cheever, qui met au point le nouveau châssis d’Osella n’est que 15eme. Lors de la deuxième séance du samedi après-midi, Surer sort de la piste et son temps du matin est battu par Daly qui signe la pole devant Fabi et Henton. Surer partira quatrième. Cheever a amélioré ses chronos, mais ne partira cependant que 10eme. Sur la grille, on remarque le très bon 6eme temps de Johansson alors que son équipier, Gabbiani est seulement 9eme devant Cheever. Pour l’anecdote, le 20eme temps est signé par le rookie Eddie Jordan (futur constructeur de F1) alors que le Français Patrick GaiIIard qui est aligné pour la première fois par l’équipe Chevron est 22eme.
Pendant le warm-up de dimanche matin, Gabbiani sort durement de la piste et ne peut prendre le départ. La présence de Ken Tyrrell, Franck Williams, Morris Nunn ou encore Vic Elford ajoute une tension supplémentaire à cette finale.
La course (65 tours):
Au départ, Fabi à gauche de Daly prend le meilleur et vire en tête devant l’Irlandais dans le premier virage. A la fin du premier tour, Fabi mène devant Daly, Henton, qui a résisté à Surer 4ème, Elgh, Johansson et Cheever déjà 7eme mais à distance. Dans les premiers tours, Fabi et Daly semblent s’échapper alors qu’Henton mène le reste du peloton. Cheever perd de plus en plus de temps tandis que Gaillard rentre au stand avec un pneu arrière éclaté à la suite d’un accrochage avec Stohr.
Soudain, Fabi n’apparait plus dans les classements. L’italien est sorti de piste et c’est maintenant Daly qui mène avec 1 seconde d’avance sur Henton qui s’est décollé du peloton. Dougall sort de la piste et s’enfonce dans le sable (moteur explosé).
Surer tente de décrocher Elgh pour rattraper les deux premiers, mais ceux-ci ont maintenant une bonne avance sur lui. Cheever est sixième loin derrière Johansson tandis que South et Warwick le talonne. Si l’écart entre Daly et Henton augmente légèrement, il devient très important entre le Britannique et Surer qui semble souffrir de sous-virage avec le plein. L’écart entre Henton et Surer va monter jusqu’à 7 secondes au 40eme tour. A ce moment, Henton est champion avec 39 points devant Surer 36 et Cheever 33 rejoint par Daly avec le même nombre de points.
Derrière, Stephan South passe Cheever par l’extérieur du premier virage et enterre définitivement les espoirs de titre de l’Américain qui, il est vrai, étaient faibles tant l’Osella parait moins efficace. South rattrape vite Johansson avant que celui-ci n’abandonne (Moteur) et dépasse même Elgh en difficulté avec ses pneus.
A 15 tours de la fin, Henton est revenu à 3 secondes de Daly qui semble en difficulté avec ses pneus. L’occasion est trop bonne pour Brian de finir par un triomphe, victoire et titre, chez lui à Donnigton. Les deux hommes reviennent sur les retardataires Cheever et Warwick pour leur prendre un tour. Très vite, Warwick laisse passer Daly et Henton alors que l’ensemble de ce peloton passe la Chevron d’un pilote très attardé (Warren Booth).
Mais alors que Daly parvient enfin à passer Cheever à 5 tours de la fin, Surer est revenu sur le groupe des quatre pilotes. Le public retient son souffle et Henton tente de passer Cheever au freinage de la chicane mais part en tête-à-queue. Surer n’en croit pas ses yeux et passe 2ème.
C’est la catastrophe chez Toleman. Avec cette erreur, Henton est maintenant en quatrième position et vient de perdre le titre. Le drapeau à damiers est déployé devant Daly alors que Surer, 3 secondes derrière, devient champion d’Europe de façon inespérée. Henton a perdu par excès de panache, mais reste digne dans la défaite expliquant « Ma pédale de freins est allée au plancher, je n’ai rien pu faire ».
Dans les jours qui suivent, la pénalité de Henton à Enna sera confirmée et par là même occasion, le titre de Marc Surer. Cela permettra au Suisse de monter en Formule 1.
Que sont-ils devenus :
Marc Surer
A la suite de son titre, Surer est engagé par Ensign pour les trois derniers Grand Prix de l’année 79. Il réussira à qualifier sa voiture lors du Grand Prix aux USA. En 1980, il est embauché par l’équipe Allemande ATS, mais après une belle 7eme place au Brésil, il est victime d’un grave accident lors des essais en Afrique du Sud. Les deux jambes endommagées, il ne peut reprendre le volant que 4 mois plus tard en France. Il finit la saison au milieu du peloton, mais sans exploit particulier. L’atmosphère chez ATS étant irrespirable, il signe chez Ensign l’année suivante où, sous la pluie, il signe l’exploit de sa carrière en finissant 4eme au Grand Prix du Brésil. Il inscrit aussi un point à Monaco avant d’être remplacé pour des raisons budgétaires à la mi-saison. Il remplacera à son tour Tambay chez Theodore sans succès.
En 1982, il signe enfin un contrat avec une équipe de milieu de tableau : Arrows. Malheureusement, il est de nouveau victime d’un accident en essais et ne peut reprendre le volant que pour la cinquième course de la saison. C’est à partir de ce moment que Marc va se construire l’image d’un pilote fiable et solide. 3 points en 1982, 4 points en 1983, 1 point en 1984, tous marqués chez Arrows à une époque où les points ne sont donnés qu’aux 6 premiers. Frustré par sa dernière année, il se tourne en 1985 vers le rallye, et l’Endurance où il remporte les 1000 Km de Monza sur une Porsche Kremer, avant que Brabham décide de l’engager en remplacement de François Hesnault.
C’est la chance de sa vie même si cela sera loin d’être simple dans une équipe dédiée à Nelson Piquet. Il marquera 5 points, mais on se souviendra surtout de ses abandons sur problèmes mécaniques à Brands Hatch alors qu’il était deuxième devant Senna et à Adelaïde alors qu’il était troisième. Revigoré, il revient chez Arrow en 1986, mais après 5 manches, il est victime d’un accident en Rallye où son copilote décède. Grièvement brûlé, il met fin à sa carrière. Marc Surer reste cependant dans le milieu du sport automobile puisqu’il devient l’un des directeurs du programme BMW en DTM puis STW dans les années 90. On le voit aussi comme commentateur pour la télévision suisse.
Brian Henton
Prenant acte des erreurs de 1979, Brian va refaire une année en Formule 2 avec l’équipe Toleman qui alignera cette fois une voiture maison : la Toleman TG280. A son volant, Henton va conduire à la Lauda, assurant les secondes places lorsqu’il ne peut pas gagner et devient enfin champion d’Europe de Formule 2 devant son équipier Derek Warwick. Tous les deux sont choisis pour accompagner la montée en Formule 1 de Toleman en 1981. Hélas, cette première année est catastrophique pour les deux pilotes : 1 qualification chacun en 12 tentatives.
Remplacé par Fabi en 1982, il trouve un volant chez Arrows en début de saison pour remplacer Surer blessé. Comme son équipier Baldi, il ne réussit à se qualifier qu’une fois en trois tentatives. Il est alors appelé par Ken Tyrrell pour faire le reste de la saison, mais ne parviendra jamais à se mettre au niveau de son équipier Alboreto. Il signe une septième place en Allemagne, mais finit la saison sans point. Après une dernière tentative dans une course hors championnat sur Theodore en 1983, Brian mettra fin à sa carrière et se reconvertira dans l’organisation de courses de chevaux.
Derek Daly
Daly va être embauché à temps plein par l’équipe Tyrrell en 1980. La saison sera hélas pour l’équipe anglaise la première d’une longue série sans résultat qui l’exclura des top teams. Derek va par ailleurs, plus se faire remarquer par les accidents spectaculaires auxquels il échappe, que par ses résultats : auteur du fameux vol plané au départ de Monaco, il aura encore un autre accident étonnant à Zandvoort au virage de Tarzan.
Derek tente alors de rebondir en 1981 avec le retour de March en tant que constructeur. Cependant, la voiture est un échec. Il faut attendre la septième course de la saison pour que l’Irlandais parvienne à se qualifier. Malgré des pneus Avon, il réussira à obtenir une septième place en Angleterre. En 1982, il tente de continuer sa carrière en succédant à Surer chez Theodore, mais l’arrêt inopiné de la carrière de Carlos Reutemann après deux grands prix, lui offre la chance de sa vie : il est embauché pour le reste de la saison par l’équipe Williams championne du monde en titre. Sans démériter, et au service de son leader Rosberg, il va effectuera une saison finalement décevante en marquant seulement 8 points. Son contrat ne sera pas renouvelé. Derek va alors orienter sa carrière vers la Formule Indy. Aux USA, sa carrière sera décousue avec notamment un accident très grave à Detroit en 1984 qui l’éloignera des pistes pendant plus d’un an. Pilote de l’armada Jaguar aux 24 heures du Mans 1988, il finit quatrième. Revenant dans la Sarthe avec Jaguar puis avec Nissan, il ne parviendra pas à finir. Il remportera les 12 heures de Sebring deux fois avec Nissan. Commentateur de Grand Prix reconnu aux USA où il s’est fait naturaliser, son patronyme reviendra dans l’actualité avec son fils Conor Daly qui court en Indycar et se fit remarquer par un accident spectaculaire en GP3 à Monaco en 2012… Tels père tels fils.
Eddie Cheever
Des quatre pilotes, c’est finalement l’Américain qui fera la plus belle carrière même s’il ne gagnera jamais de Grand Prix. Pourtant, ce n’était pas gagné car il doit sa montée qu’à l’envie de son équipe Osella d’aligner une monoplace en Formule 1. Cette première Osella est lourde et bien que la compétitivité de la voiture s’améliore au cours de l’année, jamais Eddie n’inscrira de point en 1980. Néanmoins, son abnégation séduit Ken Tyrrell qui l’embauche pour 1981. Avec très peu de budget, l’Américain commence l’année avec la vieille Tyrrell qu’il amène en cinquième position chez Lui à Long Beach. Encore 6eme en Belgique et 5eme à Monaco, il touche la nouvelle Tyrrell à mi-saison en Angleterre qu’il amène en quatrième place dès sa sortie puis en cinquième place en Allemagne.
Vu ces performances, l’équipe Ligier qui vient de jouer le titre avec Laffite, l’embauche pour 1982. Malgré une voiture dépassée, Eddie réussit 3 podiums dont deux aux USA et prend le dessus sur son équipier. Sa nationalité le fait rentrer chez Renault qui pense ainsi intéresser le marché américain avec ses produits. Eddie, qui jusqu’ici est monté progressivement au mérite, se retrouve confronté à un os : Alain Prost. Il fera une saison décevante malgré 4 podiums et une vista sous la pluie reconnue. Néanmoins, il ne sera jamais en position de jouer la victoire.
L’échec de Renault pour le titre provoque une révolution interne dont Eddie fait aussi les frais. Il trouve un volant chez Alfa Romeo avec un autre banni : Riccardo Patrese. Cette aventure commencera par une quatrième place au Brésil puis rien pendant 2 ans. Sans volant, Cheever va alors diriger sa carrière vers l’Endurance en étant le fer de lance de Jaguar. Malgré la domination des Porsche, Eddie, associé à Derek Warwick remporte les 1000 km de Silverstone. C’est la première victoire Jaguar en groupe C. En 1987, Cheever retrouve un volant en F1 chez Arrows au côté de Warwick (!). En parallèle, il continue l’aventure Jaguar mais ne pouvant participer à toutes les manches, seul son équipier Boesel deviendra champion du Monde. En F1, il est classé 10eme du championnat et continue l’aventure Arrows pendant 2 saisons avec Warwick. Si ce dernier prendra alors légèrement le dessus, Eddie montera deux fois sur le podium (Italie 88 et USA 89) avant de terminer sa carrière par une très belle course sous la pluie en Australie qui se concluera par un tête-à-queue alors qu’il était cinquième.
Sa saison 88 chez Jaguar sera la réplique de la précédente avec l’accompagnement de son nouvel équipier, Martin Brundle, vers le titre toujours sans lui à cause de son double programme. La carrière d’Eddie va alors se poursuivre aux USA en Cart (Indycar) où il terminera ses trois premières saisons dans le Top 10 avec l’équipe Ganassi. Après trois autres années sans succès dans des petites équipes, il choisit le championnat IRL lors de la scission en deux championnats en 1996. Avec sa propre équipe, il remporte la course WDS Speedway pour finir troisième du championnat 1997. L’année suivante, il atteint le summum de sa carrière en remportant les 500 Miles d’Indianapolis. Vainqueur encore de trois courses lors des 4 années suivantes, il met un terme à sa carrière à la fin 2002. On le verra encore pendant quelques années à la tête de l’équipe qui porte son nom.
Excellent sous la pluie et chaleureux dans l’effort, Eddie aura certainement souffert de sa grande taille pour atteindre le pinacle en Formule 1. Je garde le souvenir d’un pilote courageux, dévalant sous la pluie la descente du nouveau monde des Essarts dans un tremblement de terre qu’on ne ressent plus en sport auto moderne.
Geoffroy AUPEE
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