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Un Jour, une course: Monza 2012, finale du GP3 Series

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Un Jour, une course: Monza 2012, finale du GP3 Series
Nicolas Aupee

Le titre de champion de F3 de Victor Martins que nous avons vécu à Monza, nous a rappelé ce qui s’est passé il y a 10 ans, sur ce même circuit lors de la finale GP3 (ancêtre de la F3). A l’époque, 4 pilotes pouvaient être couronnés. Revivez minutes par minutes ce week-end mémorable.

Le reglement:

En 2012, les meetings sont composés d’une course principale le samedi comportant le même barème de point qu’en F1, et d’une course sprint le dimanche. La grille est basée sur les résultats de la veille avec une inversion du top 8. Les points pour la course sprint se composent ainsi : 15-12-10-8-6-4-2-1. Se rajoutent 4 points pour la pole position et 2 points pour le record du tour pour les pilotes du top 10. Un week-end parfait peut donc rapporter au maximum 48 points.

Les prétendants :

Mitch Evans : Le Néo-Zélandais de 18 ans, dispute sa deuxième saison chez MW Arden (MW signifiant Marc Webber). Si le championnat de GP3 a vu la victoire de deux pilotes ART au cours des deux dernières années, Evans montre depuis le début de la saison qu’il est capable de battre l’équipe française. Déjà auteur de 3 pôles positions et de 2 victoires en course principale, il se présente à Monza comme le favori. Avec 147,5 points, il précède Da Costa de 21,5 points, Vainio de 24,5 points et Abt de 35 points.

Antonio Felix Da Costa : Pilote Red Bull de 21 ans, le portugais dispute deux championnats d’importances en parallèle. Son début de saison en GP3 ayant été difficile, il a choisi de revenir en Formule Renault 3.5 où il s’était illustré l’année précédente. L’effet psychologique de sa victoire à Silverstone en GP3 en juillet a fait basculer Antonio dans une spirale positive. Il a gagné les deux courses de Budapest et est arrivé deux fois deuxième le week-end précédent à Spa.

Aaro Vainio : Après une saison modeste (15eme) dans une équipe modeste (Tech 1) l’année précédente, l’ancien vice-champion du monde de karting Finlandais dispute la saison dans l’équipe ultra favorite Lotus-ART. Très vite, il se positionne comme le leader de l’équipe grâce à une victoire à Monaco. Longtemps principal challenger d’Evans pour le titre, il vient de se faire dépasser au championnat par Da Costa à la suite d’un week-end raté à Spa.

Daniel Abt : Dernier postulant au titre, et certainement celui qui a le moins d’espoir, Abt effectue sa première saison en GP3 après une saison en F3 Euroseries l’année précédente. A la suite d’un début de saison discret mais appliqué, le pilote Lotus-Art a sorti les griffes avec une pole chez lui à Hockenheim, puis une deuxième place en course principale à Budapest. Sa victoire à Spa le week-end dernier, tronquée par l’accident de Cregan, lui a permis de rester dans la course au titre.

Les qualifications :

Tout commence bien pour Evans qui signe sa quatrième pole de la saison et empoche 4 points de plus au championnat. Cependant, le danger n’est pas loin car Da Costa partira à ses côtés en première ligne. La déception vient des pilotes ART, puisque Abt n’est que 7ème devant Daly alors que Vainio partira 12ème.  Les pilotes MW Arden confirment la forme de leur leader avec le troisième temps de Fumanelli et le quatrième de Laine. Buller sixième derrière Ellinas pourra tenter d’aider son équipier Da Costa. A noter qu’il y a trois femmes sur la grille de départ…il y a 10 ans.

La course principale :

Avant de s’élancer pour 16 tours, Evans à 25,5 points d’avance sur Da Costa et peut être titré aujourd’hui si le portugais ne lui reprend pas plus de 8 points.

Etonnamment, les deux pilotes en première ligne loupent leurs envols et sont débordés à droite par Laine (Arden) et Ellinas (Manor). Arrivé à la chicane Da Costa va tout droit et emmène avec lui Evans alors que Laine, qui a aussi coupé, reste en tête. Da Costa reprend la piste 2ème alors que Abt, qui a aussi coupé, se retrouve 3ème devant Fumanelli (Arden). Evans est le grand perdant du chaos du premier virage, puisqu’il se retrouve 7ème derrière Buller (Carlin) et Daly (Lotus-ART). Ellinas qui est l’un des seuls à avoir bien pris la chicane se retrouve seulement 8ème après avoir été gêné par tous ceux qui ont repris la piste devant lui.

La bagarre du premier virage est féroce puisque Fumanelli pique Abt à l’intérieur de la deuxième chicane et prend la troisième place. C’est alors que Mitch Evans va au large au deuxième Lesmo et reprend la piste au ralenti. Le kiwi a clairement un problème et rentre aux stands pour abandonner.

A la fin du premier tour, Laine mène devant Da Costa, Fumanelli, Abt, Buller, Daly et Vainio 7ème.

Le pire scénario possible se dessine pour Evans puisque Da Costa prend la tête en dépassant Laine à la première chicane. Derrière, Abt reprend la troisième place en faisant l’extérieur à Fumanelli à l’abord de la deuxième chicane. Après 2 tours, le classement du championnat fictif est Evans 151,5 points, Da Costa 151 points alors que Vainio 129 points et Abt 127,5 points sont hors-jeu.

Cependant, Abt remonte comme une fusée, et l’allemand dépasse Da Costa pour prendre la tête de la course. C’est aussi le cas pour son coéquipier qui est à présent troisième devant Fumanelli, Laine et Daly.

Vainio ne s’arrête pas là, et fait l’intérieur à Da Costa dans la parabolique. On assiste alors à une scène incroyable : Da Costa se positionne tellement près dans l’aspiration de Vainio qu’il colle son museau contre la boite du Finlandais en passant devant la ligne droite des stands. Cette image est unique.

A cet instant, le classement fictif est 1 Evans 151,5 points, 2 Da Costa 3 Vainio 141 points alors que Abt 137,5 points revient dans le match.

Au septième tour, c’est la catastrophe pour Da Costa qui est au ralenti sur le circuit à la suite d’un problème technique. Le portugais est le premier prétendant au titre officiellement hors course.

A la fin du neuvième tour, Abt et Vainio se suivent en tête avec 2 secondes d’avance sur Laine. Suivent Ellinas, Niederhauser, Fumanelli, Buller et Daly.

On pense alors à une stratégie chez ART. Si Abt laisse passer son coéquipier, ce dernier reviendrait à 3,5 points d’Evans. De plus, en partant 8eme sur la grille le lendemain alors que le Néo-Zélandais partira en fond de la grille, il deviendrait le favori pour le titre. De con côté, Abt peut toujours devenir champion, mais doit absolument gagner pour continuer à rêver.

Au 12eme tour, Vainio est dans les échappements de Abt mais ne parvient pas à passer. Derrière Ellinas, qui a doublé Laine, enchaîne les records du tour et revient vite. Il est tellement rapide qu’il parvient à passer Vainio à l’extérieur du premier virage au 13eme tour. Bien que le Finlandais parvienne à repasser le Chypriote, il ne peut rien contre une seconde attaque au tour suivant. Pendant ce temps, Abt prend de l’avance et Laine pointe le bout de son nez sur Vainio.

Lors du dernier tour, les quatre premiers se suivent de près. Cependant, un retardataire sort dans la parabolique. Les drapeaux jaunes interdisant la moindre attaque, c’est le status quo, et Abt gagne devant Ellinas, Vainio et Laine.

Au moment de couper la ligne, les deux pilotes Art peuvent toujours rêver du titre le lendemain. Malheureusement, Vainio reçoit une pénalité de 20 secondes pour avoir ignoré les drapeaux jaunes. C’est fini pour lui, il ne sera pas champion.

Avec son abandon, Evans est passé tout prêt de la catastrophe, mais les problèmes techniques de Da Costa et la pénalité de Vainio écartent ses deux principaux adversaires. Reste l’outsider Daniel Abt que personne n’imaginait être encore en lice. Au championnat constructeur, Lotus-ART remporte son troisième titre consécutif.

La course sprint:

Avec la 8ème position de Abt sur la grille, et le 25ème d’Evans, tous les ingrédients sont en place pour vivre une course à suspens. Néanmoins, on n’imagine pas à quel point les espérances vont changer de camp plusieurs fois au fil de cette course.

Pour être champion, l’allemand doit absolument gagner et espérer qu’Evans inscrivent moins de deux points.

Derrière la troisième place va se jouer entre Da Costa 15eme et Vainio 11eme. Le Portugais possède 3 points d’avance. Au départ, Fumanelli 3eme sur la grille tente de passer les deux premiers Venturini et Stockinger. A l’image de la veille, il coupe le premier virage et reprend la piste deuxième devant Stockinger. Après le premier virage, Abt est déjà 6eme alors qu’un accrochage derrière oblige Evans à couper le premier virage.

A la deuxième chicane, un contact entre Daly et Nierderhauser permet à Abt de prendre la 5eme place. A la fin de ce premier tour, Daly tente une attaque suicide sur Stockinger à l’entrée de la parabolique et part dans le sable.

Abt passe donc la ligne de ce premier tour 4eme derrière Venturini, Fumanelli et Stockinger, alors qu’Evans est remonté 15eme. Da Costa 8eme, après un très bon départ, maîtrise Vainio derrière lui.

Alors que Abt prend la 3ème place au début du troisième tour, la remonté d’Evans est perturbé par les drapeaux jaunes où après avoir dépassé Ceccon, il choisit de le laisser passer pour éviter une pénalité. Alice Powell en profite, et le Néo-Zélandais perd son calme en touchant la Britannique avant de la repasser.

Au cinquième tour, Abt prend la deuxième place à Fumanelli au premier virage. Dans ce même virage, Da Costa, qui s’était fait doubler par Vainio au premier Lesmo, reprend sa 8eme place.

Au sixième tour, Abt prend la tête en doublant Venturini par l’extérieur du premier virage. La tension monte puisqu’à cet instant, l’allemand est en tête du championnat tandis qu’Evans, 12ème, a encore du travail pour atteindre son objectif. A l’image de la vieille, un scénario improbable est en train de se dessiner.

Au tour suivant, Evans dépasse deux adversaires, prend le meilleur tour de la course et par la même occasion reprend la tête du championnat.

Derrière, Ellinas remonte fort et après avoir passé Niederhauser puis Stockinger, il est à présent 4eme.

Au septième tour, Evans améliore le record du tour et passe Da Costa avant de tenter un freinage tardif sur Vainio au premier virage. Par malchance, Nierderhauser est au ralenti devant lui et Evans doit couper le virage en urgence. Il reprend la piste devant Vainio et Da Costa mais le Néo-Zelandais a crevé !

N’ayant pas conscience du problème, il résiste une première fois en coupant la deuxième chicane et reprend la piste en zigzaguant avant de se faire passer dans le premier Lesmo puis de sortir au large dans le second. Il rentre au stand pour changer de pneus et finira 20eme. Sans pouvoir sur les événements, tout dépend de savoir si Abt va réussir à gagner la course.

A mi-course, l’allemand est provisoirement champion et mène devant Venturini et Ellinas en peloton, Stockinger est plus loin, puis viennent Laine et Fumanelli.

Deux tours plus tard, Ellinas, qui semble avoir retrouvé sa vitesse de la veille, passe Venturini à la première chicane et met la pression sur Abt à la seconde chicane. Le pilote ART résiste pendant plus d’un tour avant qu’une attaque splendide du pilote Manor à l’extérieur de la deuxième chicane, réussisse.

C’est la consternation chez ART, mais le pilote Allemand ne se laisse par faire et reprend sa place de leader en attaquant le Chypriote dans le premier virage.

A deux tours de la fin, Abt passe la ligne en tête devant Ellinas, Venturini et Stockinger en moins de 1,5 seconde. Ellinas attaque à nouveau et réussit la même manœuvre qu’il y a deux tours.

Derrière, Vainio écope une fois de plus d’une pénalité de 20 secondes pour avoir ignoré les drapeaux jaunes. Cette fois c’est certain, Da Costa va finir troisième du championnat.

Devant, Abt se retrouve sous la menace de Venturini alors qu’Ellinas s’échappe à l’entrée du dernier tour. Finalement, Ellinas gagne devant Abt et Evans peut remercier le Chypriote qui vient de lui sauver la mise.

Que sont-ils devenus ? :

Mitch Evans : Sur les 9 champions de l’histoire du GP3, Evans sera un des trois à ne jamais atteindre la F1 (avec Lynn et Hubert). Après son titre, il disputera sa première saison de GP2 chez son équipe fétiche, Arden, sans trop de succès. Par la suite, il réalisera deux bonnes saisons chez Russian Time (4eme et 5eme avec 13 podiums, dont 4 victoires). Il effectuera une saison supplémentaire en GP2 chez Campos en tant que coach de Gelael sans succès. Même s’il goûte à l’endurance au cours de cette période (2eme LM2 en 2015 au Mans), il décide d’orienter sa carrière en Formule électrique à partir de la saison 2016-2017 chez Jaguar. Sa progression avec l’équipe est lente mais régulière : première pole et premier podium en 2018, première victoire en 2019 et lutte pour le titre cette année avec finalement le titre de vice-champion.

Daniel Abt : Suite à la finale GP3, l’allemand va participer aux trois derniers meetings de Formule Renault 3,5 mais sans succès. En 2013, il se dirige vers le GP2 où il disputera une première saison médiocre chez ART, se classant 22eme du championnat. Redoublant dans une équipe plus modeste (Hilmer) il fera à peine mieux et va rediriger sa carrière vers la formule électrique dans l’équipe de son père : Audi Sport Abt. Clairement dominé par son équipier Di Grassi, il finira par gagner deux courses lors de la saison 2017/20118 qu’il terminera en cinquième position. Il se fera débarquer bêtement en 2020 après avoir demandé à un gamer professionnel de piloter à sa place lors d’une course virtuelle, Audi n’ayant pas apprécié l’image de tricherie associée à son équipe.

Antonio Felix Da Costa : La dynamique positive d’Antonio va se poursuivre en Formule Renault 3,5 à la suite de ce week-end. Avec 4 victoires sur les 6 dernières courses de la saison, le Portugais termine quatrième du championnat alors qu’il n’a pas participé aux trois premiers meetings de la saison. Malgré ces résultats, ainsi que la victoire lors de la coupe du monde de F3 à Macao, Antonio sera un des seuls pilotes Red Bull à ne jamais avoir sa chance en F1.

Par la suite, il participera à une ultime saison de Formule Renault qu’il finira 3ème derrière Magnussen et Vandoorme. Après quelques courses en DTM, il se dirige lui aussi vers la FE en 2014. Une première victoire lors de cette saison va lui donner l’image d’un pilote de qualité, mais sans succès jusqu’à être embauché par DS Techeetah en 2019. Second pilote de l’équipe avec le double champion en titre Jean-Eric Vergne, il surclasse le Français et devient champion avec trois victoires. Malgré des victoires, il ne parviendra pas à rejouer le titre les saisons suivantes. En parallèle, il dispute le championnat du monde LMP2 en endurance avec l’équipe JOTA depuis 3 ans. C’est avec cette équipe qu’il a gagné au Mans cette année après être arrivée deuxième en 2020.

Aaro Vianio :

Comme ses collègues, Vainio va disputer les trois derniers meetings de la Formule Renault 3.5 dans l’équipe RFR. Après un premier week-end discret, il va monter en puissance et finir la dernière course sur le podium à Barcelone. Pour 2013, il revient en GP3 au sein d’une équipe finlandaise en construction : Koiranen GP. Après un bon début de saison et deux victoires, il finit par jeter l’éponge devant l’impossibilité d’être couronné. Sa carrière semble terminée avant un retour en 2017 en « Italian GT » où il remporte le titre. L’année suivante est difficile en ADAC GT, mais il rebondit en 2019 en prenant la deuxième place de la silver coupe du Blancpain GT. Depuis plus de nouvelles…

écrit par Geoffroy AUPEE

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